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2015 démarre en trombe, mais toujours sans direction précise

Fady NOUN |

La page du Nouvel An est à peine tournée que se bousculent dans l’actualité tous les dossiers qui encombrent la scène politique et sociale, du « dialogue » entre les diverses composantes politico-religieuses du pays au dossier de la décharge de Naamé, dont la fermeture est prévue pour le 17 janvier, avec la perspective de voir à court terme des amoncellements monstrueux de déchets ménagers se former dans les rues, faute d’une solution de rechange, toujours introuvable.

C’est aujourd’hui que se tient à Aïn el-Tiné, mais en l’absence de Nabih Berry, la seconde réunion de dialogue entre le courant du Futur et le Hezbollah. Il est peu probable qu’une percée significative soit réalisée sur ce plan, mais d’un certain point de vue, ce dialogue est déjà un demi-succès, puisque l’un de ses objectifs prioritaires – la décrispation au niveau de la rue – semble en bonne voie de réalisation, selon certains sondages.
Mais, on le sait, il n’est pas question que le Hezbollah cède sur des points stratégiques, comme celui de ses armes ou sur son engagement en Syrie, comme le réclament le courant du Futur et le 14 Mars. Des indiscrétions en provenance d’Arabie saoudite sur la rencontre entre Mikhaïl Bogdanov et Hassan Nasrallah le prouvent amplement, s’il en est encore besoin.

Le « dialogue » entre Michel Aoun et Samir Geagea, lui, n’a pas encore démarré, mais, selon certaines sources, il se peut que ce soit pour des raisons de sécurité que sa date n’a pas été annoncée, puisque M. Geagea prendra le risque de se rendre à Rabieh.

Interrogé hier soir par la chaîne al-Jadeed, Michel Aoun a fait hier deux choses : entretenir le flou sur ce dialogue et positiver sur son issue possible, au niveau de la présidence. Au cours de son entretien, il a d’ailleurs donné la clé de sa conduite. En acceptant le dialogue, les deux règles à suivre sont : ne pas avoir peur de son vis-à-vis et… ne pas l’effrayer non plus.
« Les chrétiens et les Libanais en général souhaitent la réussite de ce dialogue, a affirmé en substance le chef du CPL. Certes, nous en sommes encore aux orientations générales, mais de bonnes intentions ont été manifestées, et j’ai décidé d’y croire de tout mon cœur. »

Toutefois, vu le nombre de déclarations hostiles à une candidature de Michel Aoun à la présidence de la République, on voit mal Samir Geagea faisant volte-face, encore que le chef du CPL ne l’a pas exclu.
En tout état de cause, il ne faut s’attendre à rien de la séance parlementaire convoquée par Nabih Berry mercredi prochain pour élire un président de la République. Elle fera naufrage comme celles qui l’ont précédée, faute de quorum… et de sens du devoir.

(Lire aussi : Sunnites, chiites et druzes espèrent que le dialogue permettra l’élection d’un président)

Parallèlement aux dialogues politiques engagés ou en gestation, des dissonances se manifestent au niveau du travail gouvernemental qui risquent de paralyser le Conseil des ministres qui se tient jeudi. Ainsi, du désaccord entre le ministre de la Santé, Waël Bou Faour, et son collègue de l’Économie, Alain Hakim, sur les conséquences de la campagne en faveur de l’hygiène alimentaire, qui aurait affecté négativement et gratuitement certains secteurs économiques.

Ainsi, de la concurrence médiatique que se livrent Waël Bou Faour et le ministre des Finances, Ali Hassan Khalil (Amal), qui, pour ne pas être en reste, inspectera aujourd’hui l’enceinte portuaire, d’où il ferait une annonce « spectaculaire », selon les médias qui lui sont proches. Encore une saisie de captagon ?

En ce qui concerne le dossier des militaires otages des groupes jihadistes en Syrie, c’est la confusion et il n’y a toujours pas de médiateur agréé de part et d’autre pour négocier leur éventuelle libération. Les combats féroces qui se déroulent en ce moment dans certaines parties du Qalamoun syrien entre le Front al-Nosra et le Hezbollah, et la tempête polaire attendue au Liban en compliqueront certainement les issues, qui sont en partie médicales et humanitaires.

De très mauvais jours sont donc à prévoir pour les otages, qui partagent les conditions précaires de vie de dizaines, voire de centaines de milliers de réfugiés syriens grelottant sous les tentes dans les camps de la Békaa et d’ailleurs, venus en principe dans une terre d’accueil, fuyant la guerre, mais venus, dans les circonstances actuelles, pour fabriquer leur propre malheur.