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A Nice, le 14 Juillet s’achève dans l’horreur

Plus de 70 personnes ont été tuées dans une attaque à Nice, dans le sud-est de la France, lorsqu’un camion a foncé sur la foule qui assistait à un feu d’artifice pour la Fête nationale.
Huit mois après les attentats de novembre à Paris, qui avaient fait 130 morts, la France a replongé dans l’horreur avec des scènes effroyables sur la Promenade des Anglais, haut lieu touristique près de la Méditerranée. “La piste terroriste est privilégiée”, a déclaré à l’AFP une source proche de l’enquête. Et de source policière, au moins une arme a été retrouvée à l’intérieur du camion.
Alors que le feu d’artifice touchait à sa fin, un camion blanc a foncé à pleine vitesse dans la foule, qui rassemblait des milliers de personnes dont de nombreux étrangers, et roulé sur près de deux kilomètres, selon la justice française. Le conducteur a été abattu par la police, selon le ministère de l’intérieur.

“C’était le chaos absolu”, “des gens hurlaient”, a décrit un journaliste de l’AFP présent sur les lieux. “Nous avons vu des gens touchés et des débris voler partout”, a-t-il encore raconté, ajoutant qu’il avait très vite compris, “qu’un camion de cette taille avec une trajectoire en ligne droite” ne pouvait être qu’un “acte totalement délibéré”.
Une heure après les faits, la préfecture des Alpes-Maritimes a évoqué un attentat et la section antiterroriste du parquet de Paris s’est saisie de l’enquête. Sur BFM TV, le sous-préfet des Alpes-Maritimes s’est contenté d’évoquer une « attaque criminelle de grande ampleur ». Le bilan, vers 02H00 (minuit GMT), s’établissait, selon un député de la région, Eric Ciotti, à 75 morts et 15 personnes “en urgence absolue”.

Sur Twitter, l’ancien maire de la ville, Christian Estrosi, aujourd’hui président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, a annoncé un bilan d’au moins 77 morts. “Il y avait des armes dans ce véhicule et des armes lourdes, je ne peux pas m’exprimer au-delà de cela, c’est la responsabilité du préfet et du procureur”, a ajouté l’ex-maire de Nice, désormais 1er adjoint (LR) de la municipalité et président de la région Paca. “Nous sommes en état d’urgence, nous sommes dans un plan Vigipirate. Ce n’est pas parce que l’Euro est terminé qu’on doit se relâcher”, a encore commenté l’élu de la cinquième ville de France.

Le camion “a foncé sur la foule sur une longue distance, le long de la Promenade (des Anglais), ce qui explique ce bilan extrêmement lourd”, a précisé le sous-préfet des Alpes-Maritimes, Sébastien Humbert, à BFMTV : “il y a eu des coups de feu et le chauffeur a été abattu”
Les autorités ont appelé la population à rester chez elle. “Des investigations sont menées à l’heure actuelle pour savoir si l’individu a agi seul ou s’il a bénéficié de complices qui auraient pris la fuite, raison pour laquelle il est préférable que les gens restent chez eux”, a expliqué le porte-parole du ministère de l’Intérieur Pierre-Henri Brandet.
Un important dispositif de sécurité a été délimité dans le centre de Nice, où de nombreuses ambulances, des membres des forces de l’ordre et des militaires se sont déployés.
Des corps jonchaient le sol, souvent recouverts d’un simple draps. Des personnes en larmes restaient parfois hébétées à leur côté sur une chaussée couverte de sang.

Cellule de crise
En déplacement à Avignon (sud) dans la soirée, le président François Hollande est rentré à Paris et s’est rendu directement à la cellule de crise activée au ministère de l’Intérieur. Une cellule d’aide aux victimes a été ouverte au ministère des Affaires étrangères avec un numéro d’urgence pour les proches (+33.1.43.17.56.46).

Le chef de l’Etat réunira un conseil restreint de sécurité et de défense vendredi à 09H00, a indiqué l’Elysée.
Frappée deux fois l’an dernier par des attentats jihadistes sans précédent (17 morts les 7, 8 et 9 janvier et 130 morts le 13 novembre), la France vivait depuis dans la crainte de nouvelles attaques en dépit d’un dispositif sécuritaire drastiquement renforcé. Le groupe Etat islamique (EI), qui perd du terrain en Irak et en Syrie où il a proclamé un califat en 2014, a menacé régulièrement la France de représailles pour sa participation à la coalition militaire internationale dans ces deux pays.
Depuis plus d’un an, plusieurs projets d’attentat ont été déjoués mais de nouvelles attaques étaient notamment craintes à l’occasion de l’Euro de football, qui s’est terminé dimanche dernier sans incident.
La nouvelle attaque survient à deux semaines de la fin de l’état d’urgence, un régime d’exception permettant notamment des assignations à résidence, entré en vigueur dans la foulée des attentats de novembre 2015.

Plus tôt dans la journée, le président Hollande avait en effet confirmé, lors d’une interview télévisée à l’occasion de la fête nationale, que l’état d’urgence, décrété après les attentats du 13 novembre, ne serait pas prorogé au-delà du 26 juillet puisqu’une loi, votée en mai, a renforcé l’arsenal sécuritaire de la France.
« Cet état d’urgence, j’ai considéré qu’il fallait le prolonger jusqu’au moment où nous puissions être sûrs que la loi pouvait nous donner des moyens nous permettant de prévenir la menace terroriste avec efficacité », avait déclaré le chef de l’État.

Le président Barack Obama a été informée de la situation et suit son évolution, selon un porte-parole de l’exécutif américain. De même la nouvelle Première ministre britannique Theresa May a été informée du “terrible incident” à Nice, selon Downing Street.