BILLET
« Impossible de faire au-delà de ce qui l’a été dans le domaine du possible. » C’est sur cette puissante harirade, touillée et moulinée devant les caméras, que le transfuge d’Arabie a inauguré sa guirlande des Trente. Du beau linge certes pour certains, mais aussi pas mal de pendentifs syriens à qui l’on a été bien obligé d’offrir un petit fromage de la République, et dont déjà on se tape les bobards à longueur d’antenne.
L’alchimie aouno-haririenne a tout de même bien fonctionné : Talal Arslane gentiment déplacé… chez les Déplacés, Yaacoub Sarraf délicatement dépoussiéré et installé au ministère de la Défense, Gebran Bassil, alias « beau-papa m’a dit », remis à califourchon aux Affaires du Dehors, tout comme Nouhad Machnouk d’ailleurs au ministère du Dedans.
Évidemment, ça n’a pas été sans quelques grincements dans le landernau : Gemayel fiston, à qui le Barbicho-barbu proposait tous les honneurs, s’en est allé en lui faisant un bras d’honneur. Pitoyable résultat d’une vieille recette de politique politicienne : donner ce qu’on n’a pas et promettre ce qu’on ne peut pas donner. Il a appris le métier, le nouveau pensionnaire du Sérail.
Mais il se consolera bien avec un revenant de poids : Ali Kanso, l’homme à la croix gammée bidouillée en tornade PSNS, dont la carrière politique était en jachère depuis le départ des « frérots ». Ce qui ne l’a pas empêché de rester bien ancré dans le paradis syrien. Il se voit affublé du titre de ministre d’État, comprendre : ministre de « représentation ». Une chose est sûre, sur l’étagère où on l’a placé, il ne risque pas de craquer pour surmenage.
Pour les autres portefeuilles, il restait bien encore quelques couverts à pourvoir et Istiz Nabeuh, pour ne rien changer, s’est jeté dessus comme un affamé. Quant aux Fleus, ils gagnent un ministère tiroir-caisse à la Santé, celui de l’Information pour la broderie de la langue de bois, et les Affaires sociales, un titre plus chic que ministère des Pauvres.
Et voilà le travail ! Les 30 lampions ministériels fraîchement installés pourront parader dans leurs convois couleur corbillard, et deviser des heures entières sur cette distribution des portefeuilles… à l’heure où les Libanais, eux, pensent tout simplement à leur porte-monnaie.