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Après Joumblatt, Berry présentera une nouvelle proposition cette semaine

Yara ABI AKL

Une nouvelle dynamique se fait sentir au niveau des débats autour de la nouvelle loi électorale. Le coup d’envoi de cette nouvelle phase de contacts a été donné samedi par le Parti socialiste progressiste (PSP). Celui-ci a présenté une nouvelle proposition axée sur la formule mixte (mêlant les modes de scrutin majoritaire et proportionnel). Celle-ci devrait être suivie par une nouvelle mouture (proportionnelle intégrale avec 6 circonscriptions) qu’entend présenter le chef du législatif, Nabih Berry, la semaine prochaine. Selon un proche de M. Berry, ce dernier devra en discuter avec les députés qui se rendront à Aïn el-Tiné pour les audiences du mercredi.

Pour en revenir à la toute dernière mouture joumblattiste, elle prévoit l’élection de 64 députés suivant le mode de scrutin majoritaire, alors que les 64 autres seront élus à la proportionnelle. Cette égalité de traitement s’appliquera aussi au niveau des sièges de chaque communauté. À titre d’exemple, 32 députés chrétiens seront élus à la proportionnelle, et les 32 autres conformément au mode majoritaire. Les joumblattistes vont même plus loin. Cette même répartition égalitaire sera observée aussi au niveau des familles spirituelles. À la faveur de cette logique, 17 des 34 députés maronites seront élus à la proportionnelle et 17 à la majoritaire.
Pour ce qui est du découpage des circonscriptions, le projet prévoit l’application de la formule majoritaire au niveau des 26 cazas prévus dans le texte de loi 25/2008 (actuellement en vigueur). La proportionnelle, quant à elle, sera appliquée aux 11 circonscriptions suivantes : Beyrouth I (joignant Beyrouth I et II de la loi actuelle) et Beyrouth II (juste composé de l’ex-Beyrouth III du code actuel) ; le mohafazat du Akkar et du Liban-Nord, comprenant les cazas de Tripoli, de Minié, du Koura, de Zghorta, du Batroun, de Bécharré ; le Mont-Liban-Nord englobant le Kesrouan et Jbeil ; le Mont-Liban central avec Baabda et le Metn-Nord ; le Mont-Liban-Sud rassemblant le Chouf et Aley ; les cazas de Baalbeck-Hermel ; la Békaa comprenant Zahlé, la Békaa-Ouest et Rachaya ; Le Liban-Sud avec Saïda, Zahrani, Jezzine et Tyr ; et enfin Nabatiyé regroupant Bint Jbeil, Hasbaya et Marjeyoun.

Cette nouvelle formule revêt une importance dans la mesure où il s’agit de l’une des rares initiatives joumblattistes en matière de loi électorale. Elle intervient après ce que d’aucuns appellent « l’échec de la préqualification » soutenue par le chef du Courant patriotique libre (CPL), Gebran Bassil. Dans certains milieux politiques, on va jusqu’à estimer que la nouvelle mouture joumblattiste a « enterré » le texte du chef du courant aouniste.

Interrogé à ce sujet par L’Orient-Le Jour, un cadre du PSP tient à assurer que la dernière proposition de M. Bassil a été enterrée bien avant l’annonce du projet joumblattiste. Il en veut pour preuve que le chef du législatif et le Hezbollah (par la bouche du député Ali Fayad) ont ouvertement opposé un veto catégorique à ce texte. Selon ce cadre, « le projet présenté samedi est à même de résoudre la crise du nouveau code électoral, dans la mesure où il respecte le critère de la parité et du traitement à égalité ». « Le projet à été envoyé à toutes les formations politiques pour une étude plus approfondie », assure le cadre joumblattiste avant de noter que « seul Nabih Berry a été informé de la mouture avant la conférence de presse de samedi, dans la mesure où il est un allié de longue date du PSP ».

Si le parti dirigé par M. Joumblatt attend les réactions des divers protagonistes à son projet, les proches du leader druze indiquent que l’initiative vise à contribuer aux efforts menés actuellement en quête d’un nouveau texte. Mais, en cas d’abandon de la nouvelle formule, le PSP serait prêt à présenter de nouvelles initiatives, pour faciliter l’adoption d’une loi, dans la mesure où il refuse à la fois la prorogation de la législature actuelle et le vide, note-t-on dans les mêmes milieux.

Le forcing de Raï

À l’heure où Gebran Bassil a vu dans la proposition du PSP « une chose positive », comme on peut lire sur son compte Twitter, dans les milieux FL, on se veut prudent. Un proche de Samir Geagea indique dans ce cadre à L’OLJ que M. Geagea « n’a pas encore étudié la formule joumblattiste. Il attend qu’elle soit examinée par le département des élections au sein de sa formation ». En dépit de ce constat, ce proche du chef des FL se félicite du texte du PSP, dans la mesure où il s’agit d’« une nouvelle affirmation du principe de la formule hybride, comme le demandaient les FL ». Selon lui, « les protagonistes sont de plus en plus convaincus de la nécessité de s’entendre sur une nouvelle loi, à l’heure où le 15 mai (date de la prochaine séance parlementaire où d’aucuns s’attendent à une nouvelle prorogation du mandat de la Chambre) est de plus en plus proche ».

À l’heure où certains se veulent « pragmatiques » et excluent la possibilité d’une prochaine entente autour d’une nouvelle loi électorale, le patriarche maronite poursuit son forcing pour la tenue des législatives. Dix jours après son interview à la LBCI, dans laquelle il a déclaré sans détour que « la loi de 1960 est toujours en vigueur », le chef de l’Église maronite a plaidé hier pour la tenue du scrutin conformément à la loi de 1960. « Si le gouvernement ne parvient pas à mettre sur pied un nouveau texte, ce n’est pas une honte d’admettre l’échec et de tenir les élections conformément au texte de loi en vigueur », a déclaré M. Raï dans son homélie.

Dans certains milieux politiques, on lisait entre les lignes de ces affirmations une réponse implicite aux récents propos du président de la République, Michel Aoun. S’exprimant mercredi devant des délégations municipales du Metn, le chef de l’État a exclu la possibilité du vide, du retour à la loi de 1960 et d’une rallonge du mandat parlementaire.
Mais les proches du tandem CPL-FL semblent soucieux d’assurer que les rapports des deux formations avec Bkerké sont bons. « Mgr Raï refuse le vide législatif. Ainsi, il ne se démarque aucunement de MM. Aoun et Geagea », note un cadre FL à L’OLJ, faisant valoir que son parti et celui de Gebran Bassil poursuivront leur forcing pour la mise sur pied d’un nouveau texte.

À l’instar de Mgr Raï, le chef des Kataëb, Samy Gemayel, continue de critiquer l’attitude gouvernementale en matière de loi électorale. S’exprimant lors du dîner du département Kataëb de Batroun, M. Gemayel a tiré à boulets rouges sur le cabinet Hariri. « Vous êtes tous responsables de cet échec », a-t-il dit à l’adresse de l’équipe ministérielle, avant de se poser la question de savoir « si un marché douteux aurait été conclu pour proroger la législature et retourner à la loi de 1960 ».