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Au secours, les jeunes !

 

Ils sont venus, ils sont tous là, toujours fidèles au rendez-vous : jeunes et moins jeunes, étudiants ou travailleurs de l’exil, ils ne rateront pour rien au monde l’occasion des retrouvailles, celles des fêtes de fin d’année qui se terminent inévitablement alors qu’elles viennent juste de commencer.
Une semaine festive durant laquelle le temps est suspendu, les soucis sont mis au rancart et la hantise du prochain départ enfouie bien au fond de la mémoire. Quant aux empêcheurs de tourner en rond, ils prennent eux aussi congé plus par lassitude que par conviction, le risque de chômage n’étant pas précisément leur inquiétude principale…
Chrétiens ou musulmans, tous participent à la fête pour la simple raison que les Libanais ont réussi à faire de la célébration une tradition nationale, une véritable communion qui transcende les communautés alors que dans plus d’un pays européen on s’interroge piteusement sur l’opportunité d’une crèche ou d’un arbre de Noël qui risquent d’en offusquer plus d’un !
Dire pour autant que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes c’est évidemment aller vite en besogne : le ver est fortement incrusté dans la pomme libanaise et les vacanciers de la Saint-Sylvestre s’en iront comme ils sont venus : sans illusion. Jeunes et moins jeunes, ils ont compris au fil des ans, au fil des déconvenues, que le départ est tragiquement salutaire et qu’au pays de leurs parents il n’y a depuis bien longtemps que l’immobilisme qui a de l’avenir.
De récentes statistiques publiées par des organismes spécialisés rapportent des chiffres effarants sur la réalité de l’émigration des Libanais, des plus jeunes d’entre eux. Selon les études réalisées ce sont les étudiants qui sont le plus concernés par le mouvement et la tendance est à l’excroissance. Sur l’ensemble des Libanais qui ont été sondés près de 35 pour cent auraient reconnu avoir envisagé ou toujours envisager de quitter le pays. Quant aux universitaires demandeurs de visas leur nombre serait équivalent à celui des étudiants qui ont déjà pris le chemin de l’exil au cours des dernières années.
Fait significatif : la tendance au départ est désormais plus forte chez les musulmans que chez les chrétiens, ces derniers ayant été précurseurs en la matière et expérimenté depuis bien longtemps les affres de l’émigration.
Au vu des chiffres publiés, un constat s’impose : la population libanaise se vide de sa jeunesse et est menacée de vieillissement progressif. Une réalité qui soulève plus d’un point d’interrogation quant à l’avenir, quant à la capacité de faire face aux crises dans un pays privé de ses énergies et livré aux seules appétences d’une classe politique démonétisée et, dans bien de cas, proche de la sénilité.
Bienvenue donc au Liban, le temps d’une fête qui n’est qu’un interlude pour notre jeunesse exilée. Plaise au ciel qu’un jour, pas trop lointain, cette énergie qui s’exporte à contrecœur puisse retrouver ses racines dans un pays pacifié et contribuer à la résurrection tant souhaitée.
Par les temps qui courent, il ne nous reste, malheureusement, qu’à croiser les doigts… Joyeux Noël quand même !