Site icon IMLebanon

Bassil à Vienne : « Le Liban ne demande rien d’autre pour la Syrie que ce qu’il demande pour lui-même »

 

Khalil FLEYHANE 

Il ne faut pas minimiser les avantages que le Liban a tirés de sa participation, hier, à la conférence internationale sur la Syrie qui s’est tenue à Vienne, affirme-t-on dans les milieux politiques libanais, où l’on voit bien un Conseil des ministres consacré à cette importante question.
La conférence a permis au ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, de prendre la parole devant un aréopage international de tout premier ordre, pour donner son point de vue et celui du Liban sur les risques que font peser sur la région et le monde les événements qui secouent la Syrie. Tout en restant dans la ligne politique adoptée par le Premier ministre Tammam Salam récemment à New York.
« Le Moyen-Orient et l’Europe sont désormais partie liée par ce qui se passe en Syrie, à travers les deux grands phénomènes qui en marquent aujourd’hui l’évolution : le terrorisme et le flux migratoire sans précédent qui se déverse en Europe et au Moyen-Orient » , a affirmé en substance M. Bassil. « À travers ces flux migratoires, a-t-il mis en garde, l’idéologie takfiriste et l’extrémisme peuvent s’infiltrer en Europe, un scénario du pire auquel ce continent doit se préparer. »

Constantes
Pour le ministre des Affaires étrangères, un règlement de la crise syrienne doit tenir compte de trois constantes : l’unité du territoire syrien, l’unité du peuple syrien et l’entente internationale qui doit présider au règlement, y compris dans la lutte contre le terrorisme. Au nombre des propositions qu’il a avancées pour un règlement figurent l’organisation d’élections transparentes et le retour des réfugiés syriens dans leurs régions respectives. « Sans ce retour, il n’y aura pas de règlement de la crise », a-t-il insisté.
M. Bassil a bien souligné que les propositions du Liban se font en toute indépendance, sans la moindre volonté d’ingérence dans les affaires syriennes, et qu’il ne soulève que les questions qui se sont imposées à lui du fait de la guerre, à savoir le terrorisme et les réfugiés. « Le Liban ne demande rien d’autre pour la Syrie que ce qu’il demande pour lui-même et pour toute la région », a-t-il affirmé. « Seule la démocratie peut départager le terrorisme et son contraire », a-t-il ajouté.
M. Bassil a par ailleurs invité ses auditeurs à clairement distinguer entre un terrorisme et une idéologie islamiste transfrontalière qui s’infiltre et se ramifie à travers les pays, et un islam de la tolérance et de l’acceptation de l’autre, prêt à jouer le jeu parlementaire.

Ne pas oublier la Palestine
Par ailleurs, M. Bassil a parlé de la reconstruction de la Syrie comme un projet fédérateur de nature à unir les Syriens dans la recherche d’un règlement, notamment au problème du retour des réfugiés.
Le ministre des AE n’a pas oublié enfin de citer la Palestine comme un abcès de fixation de toutes les crises qui secouent le Moyen-Orient et le monde arabo-islamique depuis des décades, tout en insistant sur l’importance du Liban comme « seule citadelle restante du pluralisme » dans la région.
À ce titre, a-t-il dit en substance, le Liban est « le fer de lance du combat contre le totalitarisme de la pensée unique islamiste et du terrorisme, et le premier défenseur d’un partenariat plein et entier dans la gestion de la chose publique entre musulmans et chrétiens ». « Un Liban fort est l’une des meilleures garanties d’un règlement durable et stable en Syrie », a-t-il conclu.