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Cache-misère

 

 

 

Au rythme de l’ambiance soporifique qui entoure les discussions autour du budget 2015, avec lâcher prostatique, codicille après alinéa, de chacun des articles du document, ce n’est pas après-demain l’avant-veille que le papyrus de Ali Hassan Khalil recevra la bénédiction du gouvernement. Et encore moins celle du Parlement. Bref, une maîtrise admirable du tango argentin : un pas en avant, deux pas en arrière…
Faut dire que le croque-mitaine des Finances a un contrat à exécuter : inventer un budget virtuel pour payer une dette bien réelle. Faudra aussi qu’il donne à brouter à tous les cire-pompes de la fonction publique. Payer des milliers de planqués avec la nouvelle grille des salaires, qui menace de tourner au grillage et d’encager définitivement une économie en quenouille. Bref, le brave Ali n’a qu’une seule pensée : du pognon pour le cache-misère gouvernemental, appelé pompeusement Trésor public. Sauf que les banquiers locaux et le FMI, qui lui cavalent derrière, pensent eux aussi au pognon… mais en y ajoutant en plus une date.
Visiblement, depuis qu’il préside aux destinées des Finances, le grand souci du ministre n’est pas de faire gagner de l’argent à l’État, mais d’empêcher les autres d’en gagner. Maintenant que la plupart de ses collègues se sont essuyé les pieds sur les privatisations en ressortant les prestations ringardes de l’État providence, le Grand Argentier a les coudées franches pour inventer de nouvelles pompes à fric.
Pour l’heure, ce sont les Libanais qui bossent qui ne trouvent plus le sommeil, depuis que le ministre et ses experts se proposent de tailler dans leurs ressources. Et quand on dit tailler, ce n’est pas la petite circoncision à la lime à ongles, mais la grosse charcutaille au hachoir de boucher. Tout y passe : l’épargne des particuliers, la plus-value foncière, la TVA, les rares avantages fiscaux… Miam, miam !
Au vu de ce qu’il nous promet, ce ministre-là devrait aller loin. Et plus tôt il s’en ira, mieux ce sera.