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Calme précaire à Ersal et arrestations de terroristes en série

Les accrochages violents qui ont éclaté mercredi soir et jeudi matin à Ersal et qui ont été rapidement contenus par l’armée libanaise ont ravivé les craintes du déclenchement d’un nouveau round sanglant. Hier, un calme précaire régnait dans la localité et le jurd de la région, alors que des unités de l’armée renforçaient les mesures de sécurité et leurs positions face aux collines du jurd, et que des habitants de Ersal se rendaient vers des villages voisins plus sûrs. En effet, des informations ont fait état hier d’un regroupement d’éléments armés sur les collines, qui pourrait en fait être lié aux négociations pour la libération des otages militaires libanais toujours aux mains de l’État islamique et du Front al-Nosra et aux développements dans la région du Kalamoun. De nombreux blessés syriens dans les combats en Syrie ont par ailleurs été admis hier à l’hôpital de Ersal.
L’armée a entre-temps réussi hier à mettre la main sur de nombreuses personnes suspectées d’avoir participé aux combats de Ersal. Khaled al-Krombi, recherché pour participation à des activités terroristes, a ainsi été arrêté à un poste de l’armée alors qu’il tentait d’exfiltrer deux terroristes syriens en relation avec le détenu Imad Jomaa. Deux individus ont aussi été arrêtés après de violents accrochages avec l’armée, au barrage de Wadi Hmayed où ils ont refusé de s’arrêter, obligeant les soldats à ouvrir le feu. L’un d’eux, Khaled Ahmad Ammoun, qui a commis l’attentat à la voiture piégée de la station al-Aytam à Hermel, a ensuite succombé à ses blessures. Une troisième personne qui était dans la voiture a pris la fuite en direction de l’Anti-Liban, et des munitions, des armes et des équipements militaires ont été saisis à l’intérieur du véhicule. La veille, le point de contrôle de l’armée au dispensaire de Ersal a également arrêté en soirée le chauffeur d’une camionnette, le Libanais Khaled Mohammad Dib Krombi, qui n’avait pas de papiers. Deux Syriens, Mohammad Abdel Sater Akouk et Abdallah Mohammad Akouk, qui l’accompagnaient, ont été arrêtés. Ils sont soupçonnés d’être impliqués dans les combats contre l’armée à Ersal. La nuit de jeudi soir avait en tout cas été particulièrement sanglante, l’armée faisant une dizaine de morts parmi les jihadistes lors de violents combats.
Mais c’est surtout la nouvelle de la décapitation du sergent Ali el-Sayyed par l’EI, après la circulation d’une vidéo sur les réseaux sociaux, qui a occupé Ersal et le Liban hier. À Fnaydek, d’où il est originaire, son père affirmait hier que le Comité des ulémas musulmans avait confirmé le meurtre du militaire, qui avait été pris en otage par des éléments de l’EI il y a quelques semaines. Mais le commandement de l’armée a affirmé qu’il se prononcera sur l’affaire dans un délai de 24 heures, le temps d’authentifier la vidéo.
Jusque-là, plus de 35 soldats et gendarmes sont toujours aux mains des groupuscules terroristes. Un chiffre qui devrait s’élever avec l’annonce de la disparition d’un soldat jeudi lors des accrochages plus récents. Sur ce plan, le chef du Comité des ulémas musulmans, qui assure la médiation entre l’État et les jihadistes, a appelé le gouvernement à intensifier ses réunions jusqu’à la fermeture de ce dossier, et les islamistes à préserver la vie des otages. Par ailleurs, des habitants du Akkar ont coupé hier de nombreuses routes de la localité, réclamant aux autorités de traiter urgemment l’affaire de leurs fils enlevés. L’autoroute de Joumeh et la route de Bazaal ont été ainsi bloquées. Des mots prononcés à l’occasion ont rejeté la politisation de l’affaire des militaires pris en otage, rappelant aux jihadistes avoir été les premiers à accueillir les réfugiés syriens. De leur côté, les habitants de la localité de Machha se sont dirigés vers le Sérail de Halba et en ont bloqué les portes en signe de protestation.
À Chéhim, enfin, une délégation du Parti socialiste progressiste a rendu visite à la famille du soldat enlevé Waël Saïd Darwiche, transmettant les salutations du député Walid Joumblatt et souhaitant la libération proche de l’ensemble des détenus. Quant aux députés Mouïne Merhebi et Khaled Daher, ils ont appelé dans un communiqué commun à la libération des otages refusant que l’on porte atteinte aux militaires libanais.