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Causette d’été

Billet

 

Comme si l’animation engendrée par une combinaison ministérielle ratée et un Parlement branlant ne suffisaient pas à plomber l’ambiance, il a fallu en plus que les guignols de la politique peaufinent leurs talents de créatifs en inventant un nouveau concept : l’interruption volontaire de mandat. Une sacrée trouvaille dans un pays où l’IVG est encore gravée au burin dans le code pénal.

Cette semaine, c’est Bébert Fadel, député de Tripoli, qui a envoyé sur les roses ses collègues parlementaires en claquant la porte de l’Hémicycle. À moins d’un an de la fin de la législature, et alors qu’Istiz Nabeuh claironne qu’il n’y aura pas cette fois de rallonge, le sacrifice force l’admiration. Motif : « Plus rien ne marche. » Chapeau l’artiste ! Il lui a fallu quatre années de mandat électif et trois autres d’extension bidon pour s’en rendre compte. Mais bon, le métier finira bien un jour par rentrer.

Côté gouvernement, c’est exactement l’inverse qui s’est produit. En moins d’une semaine, c’est le ministre Saint John Azzi, biberonné depuis poupon au nectar du parti Kataëb, qui effectue un virage sur l’aile et les chapeaux de roues en mangeant sa démission. Depuis, il convoque régulièrement les cire-pompes qui l’entourent pour expliquer qu’il s’incruste pour représenter les chrétiens. Ouf ! Les Jésus-Marie-Maroun sont soulagés, ils ont failli être orphelins…

Entre-temps, les neuneus officiels accélèrent leur causette sur la question de savoir laquelle de l’élection présidentielle ou de la loi électorale doit passer en premier. Dilemme cornélien (de Corneille, le dramaturge français, pas le chanteur rwandais) ! Mais rien ne presse, ils peuvent pinailler des années sur des points débiles, au prétexte que le diable est tapi dans les détails. Tellement d’ailleurs, qu’on pourrait se demander si ce n’est pas la profusion des diables qui enfante ces détails. Le bel exemple que voilà, quand on sait qu’un peu plus au sud, des Hébreux multitâches se paient depuis des années des législatives, des présidentielles, des municipales, tout en abreuvant régulièrement les Palestiniens de bombes et autres surprises bariolées.

Mais ça, faut pas le dire. Ça fait tousser les bien-pensants…