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C’est sur incitation de Téhéran que le Hezbollah bloque la présidentielle

C’est sur incitation de Téhéran que le Hezbollah bloque la présidentielle

 

La prédiction d’un pôle du 8 Mars est très simple : la période de vacance présidentielle va s’étirer, au moins jusqu’à septembre, et rien ne laisse prévoir une quelconque embellie. À moins, naturellement, que la stabilité sur le plan local ne soit dynamitée, que ce soit au niveau sécuritaire et/ou économique.

Le 14 Mars conforme : le 8 Mars, encouragé par le Hezbollah et sur incitation de Téhéran, fait tout pour que cette première présidence (mais pas que : d’autres institutions pourraient être touchées sur le court terme…) reste inoccupée, ne serait-ce que pour que Téhéran puisse utiliser cela comme moyen de pression dans ses négociations (à venir) avec Riyad. Le 14 Mars étaie cela en rappelant tous ces dossiers que le Hezbollah sort de son chapeau pour éloigner les spots de la présidence et occuper le temps qui passe, à commencer par la question de la grille des salaires, qui s’est taillé la part du lion dans le dernier discours du patron du Hezb, Hassan Nasrallah.

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Sans oublier, bien sûr, ces législatives, que le 8 Mars entend tenir sur la base de la loi de 1960 (amendée) et avant la présidentielle. Le 8 Mars est convaincu que sa popularité est en hausse, surtout après la réélection de Bachar el-Assad en Syrie et l’ouverture de Washington sur Téhéran.

Le chef du CPL, Michel Aoun, s’emploie d’ailleurs à profiter de cette période (de) vide et d’intensifier ses contacts, surtout après une rencontre « fructueuse » avec le président de la Chambre, Nabih Berry, et les bonnes paroles et la kyrielle de conseils que le numéro 2 de l’État lui a transmises – à commencer par un rabibochage avec le chef du PSP, Walid Joumblatt, puisque « la route de Baabda passe par Moukhtara »… Du coup, Michel Aoun poursuit ses contacts par les canaux habituels avec l’ancien PM Saad Hariri et essaie d’ouvrir une nouvelle page avec M. Joumblatt.

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Dans ce maelström, face à l’impasse et la légèreté avec laquelle les forces politiques appréhendent la présidentielle, Bkerké a décidé de s’activer. Passées les remontrances du patriarche Raï à ceux qui avaient promis de ne pas boycotter les séances parlementaires et qui ne cessent de le faire, et une certaine irritation à leur encontre, Bkerké essaie de sauver les meubles (et la République). On parle ainsi d’un sommet chrétien auquel assisteraient ministres, députés, personnalités, etc., et qui appellerait le président Berry à fixer une séance électorale, sachant que ceux qui la boycotteraient parmi les maronites seraient véritablement sanctionnés.

Parallèlement, des ambassadeurs européens qui ont rencontré une grande partie du landernau politique local sont arrivés à la conclusion qu’il faut réellement éviter l’internationalisation de l’échéance présidentielle, qu’il faut la libaniser à tout prix. Selon une source politique bien informée, il existe désormais une liste de quatre noms qui se résume à une personnalité du monde des finances, une personnalité militaire, un ancien ministre et député actuel, ainsi qu’un ancien ministre et député. Si toutes les tentatives de libaniser cette échéance échouent, cette liste sera proposée à Téhéran et à Riyad pour que cette liste ne soit plus qu’un seul nom. Même si l’Arabie saoudite continue de refuser d’être partie dans cette élection, « puisqu’elle soutient l’État libanais et non une faction ».

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Une de ces sources européennes met en garde contre la poursuite de cette vacance qui ne sert, selon elle, que les intérêts de l’Iran, tout en critiquant les réactions de certains pôles maronites « qui servent le projet hezbollahi ». Pour une personnalité du 14 Mars, le Hezbollah est déterminé à imposer la tripartition au Liban (un tiers sunnite, un tiers chiite et un tiers chrétien) à travers la création d’une Constituante. Les Européens rappellent que cette idée de tripartition n’est pas française comme l’a assuré Hassan Nasrallah, mais iranienne, et qu’elle date de 2006. Les Iraniens ont essayé de la vendre via les Français à la veille du sommet de Saint-Cloud en 2007, mais personne ne voulait lâcher l’accord de Taëf…