Billet
Le feuilleton minable de cette République en éternel devenir se déroule à une telle vitesse, qu’on risque à tout instant de se tromper d’épisode. Y a pas à dire, dans ce pays les rebondissements sont montés sur ressorts…
À peine ont-ils eu le temps de déglutir le gros belon que leur a balancé en pleine poire le Barbichu avec son option du Franju, que les Libanais encaissaient avec des frétillements de force 9 sur l’échelle de Richter la tarte à l’Orangina catapultée par le Tondu.
Mais les plus captivants dans ce roman à l’eau de boudin ne sont pas ceux qu’on pense : Aoun, Berry, Geagea, Hariri, Joumblatt, Nasrallah… Chacun de ces rigolos avait eu tout le loisir, à différentes époques, d’exercer ses talents et développer ses capacités de nuisance. Ça, les Libanais connaissent bien pour les avoir tous longtemps pratiqués. Rien de nouveau donc, sous le cèdre vermoulu.
En revanche, les plus bidonnants sont les sous-fifres des uns et des autres. Toute la batterie de cuisine des seconds couteaux sans manche et dépourvus de lame, qui pour certains ont opéré un virage sur l’aile à 180° pour tenter de rattraper la direction du vent nouveau soufflant dans la girouette. Faut bien chauffer la marmite en ces temps de crise !
Écouter Lilou Ferzli de la Békaa tresser des lauriers au Samir double Gea en chantant ses louanges avait quelque chose de surréaliste. Admirer Hajj Gladiator Raad, haut-parleur du Sayyed Barbu qui tire plus vite que l’ombre de son maître, retenant la crise d’apoplexie que lui procure l’ingestion du boa constrictor venu de Meerab, confinait à l’orgasme. Sans oublier bien sûr l’embarras à peine caché des Hariri boys déglutissant des lames à rasoir à la vue des excités agrumes et fleus jouant les copains-coquins.
Quant à ces derniers, parlons-en ! Il ne s’est pas trouvé un seul lavedu pour leur demander des comptes sur le quart de siècle perdu, au cours duquel ils se sont castagnés sur toutes les jointures et boursouflures, pour finalement venir se peloter sans vergogne devant les caméras…
J’aime le son du cor le soir au fond des bois… et le craquement des vestes qui se retournent en plein jour et sous toutes les coutures par-dessus les toits.