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Crocs-en-jambe

 

Que vous les ayez à la bonne ou pas, le fait est que ces deux personnages font l’actualité, pour désespérément triste qu’elle puisse être. Leurs apparitions sont attendues et leurs propos font les gros titres des journaux, même quand ils n’échappent ni à l’outrance ni même à l’incohérence.

À tout sayyed tout honneur : hier, Hassan Nasrallah prenait la parole pour réaffirmer, entre deux envolées à la gloire de l’Iran, de la Palestine, de la Syrie de Bachar ou du Yémen, son indéfectible soutien au Courant patriotique libre. Ce gage de fidélité n’était pas de trop. Les signes de divergence se sont multipliés en effet ces derniers jours, même si Nasrallah s’est évertué, dans son allocution, à protester de l’harmonie totale régnant, selon lui, entre le Hezbollah et son allié chrétien.

La milice ne souhaite en aucun cas le torpillage d’un gouvernement au sein duquel elle dispose, il est vrai, d’un formidable pouvoir d’obstruction ; mais c’est à l’encontre de toute évidence que le leader chiite a affirmé qu’il en allait de même pour le CPL. Tout aussi peu convaincants sont les arguments invoqués pour expliquer le refus du Hezbollah de s’associer au recours à la rue décrété par Michel Aoun. Le courant des Marada aura manifesté la même tiédeur à ce propos, même si, pour prendre ses distances, il s’est rabattu sur un dossier aussi froid, aussi peu pressant que le projet de fédération libanaise avancé par le général.

Celui-ci passe pour être l’homme de toutes les contradictions. Il est ainsi rallié, aujourd’hui, à la même Syrie baassiste contre laquelle il lançait naguère une coûteuse guerre de libération. Il se pose en champion des droits chrétiens et perpétue, dans le même temps, la vacance de la première magistrature de la République, vouée aux mêmes chrétiens. Le CPL a fait du sunnisme modéré sa bête noire, allant jusqu’à l’assimiler à Daech : oubliant un peu vite qu’il fait cause commune avec un parti armé qui se prend lui aussi pour l’instrument de la volonté divine sur terre.

Sur un plan plus intime, nul ne saurait reprocher à Michel Aoun, qui a longtemps pesté pourtant contre les dynasties politiques, de manquer de sens de la famille. Le fait est néanmoins qu’il ne rend guère service à son gendre, officier de grande valeur à la réputation irréprochable, quand il exige sa nomination à la tête de l’armée sous peine de casser la baraque : a-t-on pensé à l’effet désastreux qu’aurait sur la troupe une promotion qui, bien que méritée, serait le fruit d’un parrainage partisan aussi marqué ?

Déjà casé quant à lui, et même fort bien casé aux Affaires étrangères, est le second gendre, que l’on a vu déployer ses dons innés de diplomate – pour faire sortir de ses gonds, en plein Conseil des ministres, le très calme, très courtois, très affable chef du gouvernement Tammam Salam.

Lui non plus, le ministre Gebran Bassil n’échappe visiblement pas à l’obsession présidentielle : fruste copie de l’original…