IMLebanon

Décalage des échéances, en raison du décès de la mère de Tammam Salam

Un coup d’arrêt sera donné à la vie politique, dans les prochaines heures, en raison du deuil qui a frappé hier le Premier ministre, Tammam Salam, qui a perdu sa mère. Ce décès a entraîné l’annulation de la conférence nationale du dialogue qui devait se tenir aujourd’hui, à Aïn el-Tiné. Il est possible qu’elle entraîne aussi l’annulation du Conseil des ministres prévu demain jeudi, mais aucun communiqué n’a été publié à ce sujet en soirée.
L’activité politique avait redémarré hier sur le chapeau des roues, après la pause de la semaine sainte, avec une reprise des contacts politiques multilatéraux, dont le plus significatif est l’arrivée en soirée à Moscou de Saad Hariri, venant de Paris, à l’invitation du ministre des AE de ce pays, Sergueï Lavrov.
M. Hariri est accompagné du ministre de l’Intérieur, Nouhad Machnouk, de son conseiller Ghattas Khoury et de son chef de cabinet, Nader Hariri. Il sera reçu ce matin par M. Lavrov pour une réunion de travail suivie d’un déjeuner. Au cœur des entretiens, la crise régionale, mais aussi ses répercussions internes, notamment sur la vie des institutions.
On apprenait par ailleurs que le président français François Hollande envisage de venir au Liban, dans un effort pour mieux apprécier la tension interne et peut-être peser en faveur de l’élection d’un président de la République (voir par ailleurs). Le président Hollande ferait escale à Beyrouth dans le cadre d’une tournée régionale, mais la date définitive de son arrivée à Beyrouth reste indéterminée, et facteur, semble-t-il, de l’utilité éventuelle de cette escale. Qu’y viendrait-il faire, en effet, si quelqu’un décidait, de son propre chef, que sa visite ne fera pas de différence ?
À ce sujet, la journée d’hier a été marquée par une volée de critiques dirigée contre Gebran Bassil, qui avait boycotté la visite la semaine dernière de Ban Ki-moon, à toutes ses étapes, pour protester contre une volonté cryptique attribuée à l’organisation internationale de naturaliser les réfugiés syriens.
Entonnant à tout propos la rengaine du risque d’implantation des réfugiés syriens, M. Bassil a été accusé par le 14 Mars, en particulier par les Kataëb, de détourner l’attention de l’opinion du problème central de la vacance présidentielle ; une vacance qui affaiblit l’unité interne et paralyse des institutions, favorisant par là des faits accomplis qui auraient été impossibles en temps normal. Ces critiques, apprenait-on, auraient dû former l’un des thèmes forts de la conférence de dialogue national, ainsi que l’un des sujets soulevés en Conseil des ministres. Ce ne serait que partie remise.

 

La sécurité de l’État
L’un des points centraux de l’ordre du jour du Conseil des ministres qui était prévu pour demain porte sur le sort du service de la Sécurité de l’État. M. Salam avait en effet promis, jeudi dernier, que ce dossier figurerait à l’ordre du jour de la séance du Conseil des ministres.
« Nous voulons savoir pourquoi les formalités relatives à la sécurité de l’État sont suspendues par la présidence du Conseil, ainsi que celle des sommes qui lui sont dues par le ministère des Finances », a indiqué hier le ministre Michel Pharaon, à ce sujet.
M. Pharaon s’est dit « étonné » de voir le ministère des Finances exiger que tous les ordres de missions et formalités soient signés conjointement par le directeur (grec-catholique) et le directeur adjoint (chiite) de l’organisme, comme si le premier était sous tutelle du second.
Commentant la possibilité que le règlement de cette affaire passe par la désignation de nouveaux dirigeants, M. Pharaon a affirmé qu’« il n’écarte aucune formule ».
« J’estime que le général Georges Kareh (directeur actuel) remplit bien son devoir. Et si Tammam Salam, en tant que vice-président du Conseil suprême de la défense, considère qu’il est nécessaire de recourir à ces nouvelles nominations, nous sommes prêts à en discuter en Conseil des ministres. »
« Le dossier sera soulevé en Conseil des ministres. Il en constitue le 65e point et nous refuserons qu’il soit ignoré », a conclu M. Pharaon.
Par ailleurs, la sécurité de l’aéroport pourrait être abordée demain, sauf contrordre, en Conseil des ministres, à la lumière des observations faites hier sur ce dossier par le ministre des Transports, Ghazi Zeaïter, qui persiste à dire que l’aéroport est « sûr » et que cette véritable passoire ne fait pas passer l’eau.
Signalons pour finir que la question de la candidature de deux Libanais pour succéder à Irina Bokova à la direction générale de l’Unesco a fait une irruption soudaine et passionnée dans le débat public. Des voix se sont élevées hier pour dépassionner ce débat et le situer dans sa juste perspective, celle d’être une bonne nouvelle pour le Liban, quel que soit le candidat qui sera en fin de compte retenu. Même si la candidature de Véra Khoury semble avoir été acceptée par les ministres concernés, il reste que celle de Ghassan Salamé se fait dans les temps et mérite donc une égale attention, et peut-être une reconsidération.