Des dizaines de voitures se sont donné rendez-vous hier, tard dans l’après-midi, à Sin el-Fil, près du centre Mirna el-Chalouhi, dans un mouvement de protestation, que les organisateurs aounistes ont voulu pacifique et préparatoire au grand mouvement populaire prévu pour aujourd’hui lors du Conseil des ministres qui promet d’être orageux.
Des partisans de tous les âges, installés dans des voitures familiales et des 4 x 4 ou à bord de motos et affichant les couleurs du Courant patriotique libre (CPL), en brandissant le drapeau orange et le portrait du général Michel Aoun, ont envahi les rues de la capitale et sa banlieue est hier soir en réponse à l’appel lancé par le chef du CPL de descendre dans la rue afin de revendiquer le recouvrement des « droits bafoués des chrétiens ».
Ce mouvement, qui s’est étendu à plusieurs régions et qui était bien encadré par des cadres du CPL, a pu rassembler des milliers de militants.
Des étudiants universitaires et des adolescents qui n’étaient même pas nés durant la guerre civile libanaise ou durant la guerre d’élimination lancée en 1990 par le général Aoun défilaient côte à côte avec des partisans engagés depuis 1988 auprès de l’ancien Premier ministre.
« Ce que vous voyez ici, ce n’est qu’un échantillon des convois qui circulent un peu partout dans le pays », crie Rafi à bord de sa moto. Et à la question de savoir s’ils étaient, lui et ses camarades, convaincus des raisons pour lesquelles le général les a poussés à descendre dans la rue ou s’ils avaient simplement obtempéré à l’appel de leur chef, le jeune s’indigne : « Bien sûr que j’en suis convaincu, nos droits sont bafoués, personne ne nous écoute, tous mes amis ont quitté le pays avec leurs familles, ils sont désespérés, notre seule chance de retrouver notre cher Liban, c’est le général Aoun qui sauvegarde le pays. Qui il y a à part lui pour militer en faveur des chrétiens? »
Une voix déterminée lance alors un appel aux automobilistes, les invitant à regagner leurs voitures car le convoi allait avancer vers la place Tabaris. En quelques secondes, tous les chauffeurs avaient repris leur place et le convoi franchissait les quelques dizaines de mètres qui le séparaient de la grande bifurcation débouchant sur le Ring et le centre-ville. Une heure presque s’était écoulée durant laquelle les automobilistes étaient sur place agitant les drapeaux du CPL avec quelques drapeaux libanais. Des slogans acclamant le général Aoun étaient lancés à l’arrière du groupe de véhicules, mais les cadres guidant le convoi ont gardé une certaine retenue, mélangée à une détermination bien palpable. « Ceci n’est rien à comparer avec demain, nous serons beaucoup plus nombreux. Nous allons vous montrer de quoi sont capables les partisans du général Aoun, de quoi sont capables les chrétiens », insiste un des cadres organisateurs. « Cela suffit, nous avons trop patienté, mais ils nous ont pris notre pays et nos droits avec, il était temps qu’on agisse et qu’on exige que nous soyons écoutés », dit une jeune femme du mouvement estudiantin du CPL.
La voie est de l’axe reliant l’école de La Sagesse à la place Tabaris, à Achrafieh, était complètement bloquée à la circulation par le stationnement des voitures participant à la manifestation. Au milieu de la file était posté un camion à bord duquel des haut-parleurs diffusaient des chansons devenues célèbres à l’époque où le général Aoun était encore installé au palais de Baabda, remuant des sentiments de nostalgie dans le cœur de l’assistance. « Nous vous donnons rendez-vous à Baabda, le palais est à nous, personne ne mérite d’être président de la République à part le général Aoun, pourquoi refuser qu’il soit le chef de l’État ? Ce sont ceux qui entravent son élection qui bloquent ainsi le pays et non pas nous ! » s’indigne Tony qui s’est dit prêt par ailleurs à participer chaque jour à une manifestation si le général le demandait.
Le mot d’ordre semble être à la sobriété et au calme durant le déplacement. Aucun débordement n’a été enregistré à Achrafieh où le convoi a continué sa route vers le centre-ville avant de se donner rendez-vous pour « un mouvement beaucoup plus large qui pourrait consister en une fermeture de quelques routes principales, ce que seul le général décidera ».
D’autres convois ont été organisés un peu partout dans le pays, notamment à Zouk Mosbeh, à Jounieh, à Jbeil, à Batroun, au Koura et à Marjeyoun.