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Du congrès du 14 Mars au TSL, Fouad Siniora « superstar »

La semaine écoulée a été marquée principalement par la subite attaque frontale lancée par le Hezbollah et ses acolytes contre le chef du groupe parlementaire du courant du Futur, l’ancien Premier ministre Fouad Siniora, au lendemain du huitième congrès général du 14 Mars qui s’était tenu au Biel. Une attaque perçue dans les milieux du Futur comme une manœuvre d’intimidation visant à court-circuiter le témoignage de M. Siniora devant le Tribunal spécial pour le Liban dans le cadre du procès sur l’assassinat de Rafic Hariri. C’est précisément à partir d’aujourd’hui, lundi, que l’ancien Premier ministre sera entendu par les juges du TSL. De source digne de foi, on indique que ce témoignage se poursuivra jusqu’à vendredi, du fait que le chef du courant du Futur devra aussi répondre aux questions de la défense.
La semaine qui débute sera donc celle de Fouad Siniora, lequel occupe ainsi le devant de la scène depuis la tenue du congrès du Biel, le 14 mars. Un Fouad Siniora « superstar », contre son gré, qui ne paraît pas avoir été impressionné outre mesure par la campagne menée contre lui, si bien que son témoignage devant le TSL est attendu avec grand intérêt par l’ensemble de la classe politique locale, sans compter les chancelleries occidentales. Donnant le pouls des cercles haririens, le député Jamal Jarrah devait affirmer, samedi, qu’il ne saurait être question pour le courant du Futur de se départir de ses principes nationaux. Confirmant implicitement que les dernières attaques lancées contre M. Siniora constituaient une manœuvre d’intimidation à la veille du témoignage de l’ancien Premier ministre, M. Jarrah a déclaré dans ce contexte : « Fouad Siniora donnera son témoignage lundi devant le Tribunal spécial pour le Liban et nous attendons donc ce témoignage pour connaître les causes de la campagne menée contre M. Siniora. »
Il reste que le Hezbollah a élargi au cours du week-end dernier le champ de son escalade politique pour l’étendre à la ligne de conduite du 14 Mars d’une manière générale. Prenant la parole au cours d’une cérémonie religieuse organisée dans la localité de Kafra, au Liban-Sud, à la mémoire de l’un des miliciens du Hezbollah tué dans les combats en Syrie, le député Mohammad Raad a ainsi accusé implicitement le 14 Mars, sans le nommer, de « continuer à manœuvrer et à adopter une attitude hautaine en refusant d’avaliser une stratégie nationale de lutte contre le terrorisme takfiriste ». « Ils lancent des slogans, mais ils les lient à la fin de la vacance au niveau de la présidence », a déclaré M. Raad qui a posé à cet égard des conditions pour faciliter l’élection d’un président de la République. « Il existe une équation dans le pays qui nécessite une entente nationale pour combler le vide (au niveau de la première magistrature), a-t-il déclaré. Nous avons présenté notre point de vue au sujet d’une telle entente. Nous avons présenté notre candidat (le général Michel Aoun) que nous supposons être en mesure de servir le processus national de la résistance. »
Les positions des deux camps en présence concernant la présidentielle demeurent ainsi très éloignées. C’est sans doute ce qui a amené le ministre de l’Intérieur, Nouhad Machnouk, actuellement en visite officielle à Washington, à affirmer que l’élection du président de la République est tributaire du contexte régional. Abondant dans le même sens, le député Mohammad Kabbani, membre du bloc du Futur, a été plus explicite en soulignant sans ambages que c’est l’Iran qui entrave l’élection d’un nouveau chef de l’État. Et comme pour clarifier sans détour la position du courant du Futur au sujet de la présidentielle et du profil du prochain locataire de Baabda, M. Kabbani a déclaré que c’est l’obstination du général Aoun à maintenir sa candidature qui entrave le « consensus » autour de la présidence de la République. Et le député haririen de souligner la nécessité de libaniser la présidentielle « loin des interférences et des influences étrangères ». Mais encore faut-il que certains députés chrétiens (membres du bloc aouniste) prennent conscience de la gravité du vide au niveau de la présidence, comme l’a souligné une nouvelle fois le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, dans son homélie dominicale.