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Efforts intérieurs et extérieurs pour rendre possible la tenue de la présidentielle

Philippe Abi-Akl

 

On se perd en conjectures, en ce début d’année, sur le point de savoir si l’élection présidentielle pourra se tenir ou non dans les prochains mois.
D’aucuns écartent cette éventualité en se fondant sur le fait que les circonstances régionales ne sont toujours pas propices, que les rapports entre l’Iran et l’Arabie saoudite restent empreints d’hostilité et que des solutions ne sont pas encore tout à fait prêtes pour les crises que traverse la région, à commencer par le conflit en Syrie.
À cela s’ajoute l’absence pour le moment de perspective d’accord à l’intérieur sur un candidat qui serait jugé acceptable par toutes les parties.
Cependant, par ailleurs, des sources diplomatiques assurent que quelque chose est en train de bouger dans le dossier présidentiel. On estime, de mêmes sources, que l’initiative française, conduite par le directeur du département du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord au Quai d’Orsay, Jean-François Girault, n’est pas née de rien et qu’il existe réellement des craintes occidentales quant à une déstabilisation du Liban du fait de la précarité de la situation politique dans ce pays et de la menace que représentent pour lui les organisations jihadistes.
Ces craintes ont mené à une coordination américano-française visant, en coopération avec l’État du Vatican, à créer autour du Liban les conditions favorables à la tenue de la présidentielle libanaise.
On apprend à cet égard que M. Girault compte reprendre prochainement sa mission en direction de Téhéran et de Riyad, capitales qu’il a déjà visitées à plusieurs reprises dans le cadre de ses efforts autour du dossier libanais.
On s’attend, toujours de mêmes sources, à ce que cette mission soit couronnée de succès du fait notamment de l’évolution constatée dans la position iranienne. On escompte aussi davantage d’ouverture et de dialogue entre les protagonistes intérieurs pour affronter les défis qui se posent sur tous les plans.
Pour l’ambassadeur d’une puissance asiatique, il reste qu’un accord entre les leaders politiques chrétiens est indispensable pour débloquer la présidentielle. Voilà pourquoi cet ambassadeur fonde ses espoirs sur le dialogue projeté entre le chef du CPL, le général Michel Aoun, et le leader des Forces libanaises, Samir Geagea. Ce dialogue, qui serait le prélude à des rencontres plus élargies, pourrait être le point de départ vers une entente sur un candidat de consensus qui bénéficierait de l’imprimatur de Bkerké.
En cas d’échec des chefs chrétiens, il serait alors possible aux protagonistes musulmans de prendre en charge le dossier en coordination avec le patriarcat maronite, lequel bénéficie du soutien du Saint-Siège.
Une source diplomatique libanaise rapporte à ce propos que les responsables du Vatican affirment à leurs interlocuteurs qui évoquent le dossier présidentiel libanais que cette question est du ressort du patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, et que c’est à lui qu’il revient de donner sa bénédiction et sa couverture à un candidat pour qu’il devienne présidentiable.
En tout état de cause, un responsable occidental assure qu’il existe désormais un accord parfait sur le principe de l’élection d’un président de consensus et non pas de confrontation. En d’autres termes, il n’y aura pas de chef d’État issu des rangs du 14 ou du 8 Mars, et il est entendu que toutes les parties devraient convenir de l’élection d’un candidat qui ne constituerait un défi pour aucune partie politique.
Outre les menaces traditionnelles sur la stabilité du Liban, les rapports qu’envoient les ambassadeurs des puissances occidentales à leurs gouvernements parlent aussi ces jours-ci de l’ébranlement de la solidarité gouvernementale du fait des désaccords interministériels sur un certain nombre de dossiers, notamment la sûreté alimentaire et les déchets.
Il faut ajouter à cela d’autres sujets explosifs comme celui des populations syriennes déplacées ou celui des ressources pétrolières, un dossier que le président de la Chambre s’efforce de rouvrir et de remettre sur les rails.
On s’inquiète donc clairement, dans les milieux diplomatiques, de voir les fissures dans le mur gouvernemental mener à la chute du cabinet Salam, une éventualité catastrophique dans la mesure où, à l’ombre de la vacance présidentielle, elle jetterait le pays dans le vide institutionnel total.
À l’intérieur, les prises de contact se poursuivent et une seconde rencontre devait se tenir hier soir dans le cadre du dialogue entre le courant du Futur et du Hezbollah. De même, du côté chrétien, le député aouniste Ibrahim Kanaan et le responsable de la communication au sein des FL, Melhem Riachi, ont repris leurs discussions pour mettre au point un projet d’ordre du jour en vue d’une rencontre au sommet entre les deux principaux leaders maronites.
Celle-ci serait le prélude à une réunion chrétienne élargie à Bkerké puis à des retrouvailles nationales entre toutes les composantes du pays.