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Entre les enseignants et les élèves, Bou Saab choisit son camp  

« Les examens officiels auront lieu aux dates prévues », annonce le ministre de l’Éducation nationale ; grève générale dans le secteur public aujourd’hui et demain.

Fady NOUN
Face à l’obstination du Comité de coordination syndical, le ministre de l’Éducation nationale, Élias Bou Saab, a décidé de frapper un grand coup : se passer (ou menacer de se passer) de leurs services, pour la surveillance des examens officiels, les privant du même coup de leur principal instrument de pression pour obtenir le vote, mardi, à la Chambre de la grille des salaires pour laquelle ils luttent depuis trois ans.
Il va sans dire que Hanna Gharib et Nehmé Mahfoud sont sortis de leurs gonds, et ont vivement protesté contre ce qu’ils ont considéré comme « une privatisation de la surveillance des examens ».
Élias Bou Saab, pour sa part, a été très direct. Tout en affirmant qu’il est à 100 % favorable à l’adoption de la grille des salaires et en invitant les blocs parlementaires à l’approuver, il a averti les grévistes qu’il ne baissera pas les bras et ne permettra pas que leur mouvement revendicatif compromette les épreuves officielles de dizaines de milliers d’élèves pris en otages par leurs enseignants.
Ces épreuves commencent jeudi prochain, 12 juin, pour le brevet et le 16 juin pour les terminales (séries SV et SG).

Série de réunions
Le ministre de l’Éducation a tenu samedi une série de réunions avec la Fédération des institutions pédagogiques privées (écoles catholiques), présidée par le P. Boutros Azar, qui ne cache pas son hostilité à ce qu’il considère comme « un véritable chantage » de la part des syndicats à l’égard des écoles privées.
M. Bou Saab s’est également réuni avec des commissions de parents d’élèves dans les écoles privées, puis avec deux comités représentant, l’un les enseignants contractuels dans l’enseignement public (Hamzé Mansour), l’autre l’enseignement professionnel et technique (Adel Hatoum).
L’objectif du ministre était, bien entendu, de trouver une alternative au système de surveillance des examens officiels, au cas où la grille des salaires n’était pas approuvée par la Chambre, et que le comité syndical décide de boycotter la surveillance et la correction des examens par mesure de rétorsion.
La grille des salaires pourrait ne pas voir le jour pour deux raisons essentielles : soit le défaut de quorum, soit – en cas de séance parlementaire – le renvoi d’un projet dont le financement n’est pas assuré et qui, voté en l’état, fait courir au pays un risque grave d’inflation. À la suite de ces réunions, le ministre de l’Éducation devait proclamer son hostilité aux méthodes suivies par le comité syndical, et annoncer que « les examens officiels auront lieu aux dates prévues », prenant de court les enseignants et provoquant leur colère.

Les syndicats
« Non à la privatisation des examens officiels », a contre-attaqué hier le Comité de coordination syndical, réuni hier, qui a décidé de décréter la grève générale dans les ministères et les administrations publiques aujourd’hui et demain. Un sit-in sera observé aujourd’hui à 10h en face du ministère de l’Éducation.
Avec sa rhétorique enflammée, le président du comité, Hanna Gharib, a affirmé que « les contractuels ne seront pas un cheval de Troie et ne poignarderont pas leurs collègues dans le dos ». « Le mouvement syndical préservera son unité », a-t-il clamé.
M. Mahfoud, de son côté, s’est employé à discréditer la solution de rechange envisagée par le ministre, affirmant tantôt qu’elle ne sera pas opérationnelle, tantôt qu’elle compromettra la crédibilité des examens.
Quoi qu’il en soit, venant la rescousse du Comité de coordination syndical, les aiguilleurs du ciel, qui sont concernés par la grille des salaires, ont décidé d’observer une grève d’avertissement de deux heures (entre 11 et 13 heures), mardi. Des perturbations dans les horaires des vols pourraient s’ensuivre et il est conseillé de consulter les compagnies d’aviation avant de se rendre à l’aéroport ce jour-là.

À l’UL
À l’Université libanaise, tous les examens prévus ont été repoussés jusqu’au 11 juin, dans l’espoir que le gouvernement approuvera le projet de titularisation d’un millier de contractuels qui, en attendant, ont décidé de se mettre en grève. À noter que près de 75 % des professeurs de l’UL sont des contractuels, un chiffre tout à fait anormal.