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Footpolitik

L’ÉDITORIAL

| OLJ

La diplomatie du football connaissait hier un de ses moments de gloire, avec ce match amical France-Angleterre disputé au Stade de France en présence d’Emmanuel Macron et Theresa May. Moment de vive émotion aussi, quand la foule a d’abord entonné le God save the Queen avant de passer à La Marseillaise, et cela en hommage aux victimes des récents attentats de Manchester et Londres. C’était là une manière de rendre leur politesse aux Britanniques qui, lors d’une précédente rencontre amicale, avaient fait preuve du même tact pour saluer la mémoire des victimes de l’attentat de Paris.

Amical certes, mais inégal, et forcément tendu, était, quelques heures auparavant, l’entretien qu’ont eu le chef de l’État français et la Première ministre de Grande-Bretagne. Inégal d’abord, ce face-à-face entre deux success stories, l’une au meilleur de sa forme et l’autre durement malmenée par le même et souverain verdict des électeurs ; entre un président résolument en marche vers une écrasante majorité parlementaire et une chef de gouvernement dont le départ est réclamé par une fraction de son propre parti. Forcément tendu ensuite, cet échange d’arguments entre un des avocats les plus convaincus (et convaincants) de l’Europe et la téméraire héroïne du Brexit en quête d’un retrait aux meilleures conditions. D’un divorce au rabais.

Il n’y a pas cependant que l’Europe, le chômage ou les prestations sociales qui pèsent dans les préoccupations de ce singulier duo, qui est convenu d’un plan d’action concret pour lutter contre le terrorisme. La France et la Grande-Bretagne incarnent deux conceptions différentes, antinomiques de la question du terrorisme islamiste et des moyens de la gérer. Intégration pour l’une, communautarisme pour l’autre : mal imaginés ou mal appliqués, les deux systèmes ont ceci en commun que leurs résultats ont été, à ce jour, pour le moins décevants. Pour cette raison, des révisions parfois déchirantes devraient s’imposer, à Londres comme à Paris ; or il faut bien constater que sur ce terrain également, celui de la capacité de faire voter des lois conformes à ses idées, le Français est considérablement mieux armé que la Britannique aux abois.
Pour rester dans la note du ballon rond, et comme le constate savoureusement la presse parisienne, Emmanuel Macron a en effet plié le match dès le premier tour des législatives, dimanche dernier : plié, pesé, emballé et expédié, pourrait-on même renchérir. Bien sûr, le taux élevé de l’abstention peut laisser croire que si le Parlement est cadenassé, la rue ne suit pas aveuglément le programme présidentiel. Bien sûr, l’irruption sur la scène parlementaire d’une telle foule de novices en politique peut susciter quelque confusion. Mais d’ores et déjà, Macron a bel et bien gagné son pari du changement, réduisant à leur plus simple expression les partis installés de longue date et remodelant substantiellement le visage politique de la France.
En cela, la France peut se targuer de faire des envieux, surtout dans un pays comme le nôtre où les élections taillées sur mesure n’ont d’autre vocation que de pérenniser la faune politique. Où le ballon, encore lui, c’est le peuple.