En matière d’électricité, les Libanais auront tout expérimenté: le rationnement draconien qui se perfectionne d’année en année jusqu’à devenir la seule institution publique fonctionnant avec la précision d’une horloge suisse, le fuel assaisonné au soufre dont même Sukleen ne voudrait pas pour récurer ses cuves, les bateaux-citernes affrétés par les copains et les coquins puis disparaissant dans la nature, la mendicité régulière pour des avances du Trésor public… Les voies de l’électron libanais sont impénétrables.
Voilà qu’en plus on apprend qu’une brouettée de responsables pompent gratos et sans vergogne dans le jus alternatif. En hiver pour se dégeler les boyaux, en été pour se rafraîchir le lard… Et encore ! Il a fallu que ce soit le procureur financier himself qui vienne remuer le testicule dans le potage, alors que pour le Libanais d’en bas il suffit d’un mois de retard sur ses quittances pour se faire castrer l’ampère…
Comme si on avait encore besoin de ce chauffe-bain appelé EDL pour être fixé sur la moralité de notre cheptel politique ! Avec plus de 60 milliards de dollars de dettes, on se demandait s’il y avait encore quelque chose à voler dans cet État poubelle. Maintenant, on est fixé: c’est la curée des galapiats sur les derniers millivolts, un courant électrique prostatique dont ministres et députés s’arrachent les câbles pour laver à l’œil leur bandage herniaire et faire tourner le lave-linge pour blanchir l’argent.
Pendant ce temps, la classe politique peut s’adonner à son passe-temps favori: savonner la planche à l’Agrume de Rabieh pour lui court-circuiter l’appétit présidentiel. Encore du temps perdu, jeté en pâture aux aounolâtres qui y croient encore. À près de 82 balais au compteur et au rythme des reports de scrutin, le jour où il pendra la crémaillère à son logement de Baabda, il n’est pas sûr qu’il lui restera assez de dents pour marmonner son discours d’investiture