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Glandeur et décadence

Avec une belle régularité, nous pointe chaque quelque temps un rigolo qui connaît son quart d’heure de gloire au milieu de la foule, avant de s’évaporer dans le clafoutis des polémiques de poulailler.

La dernière trouvaille de Hanna Gharib, patron du Comité de coordination syndicale, est l’État providence. Lui a attendu le IIIe millénaire pour nous régurgiter ce vieux truc inventé au temps de l’Ancien Testament chéhabiste et consistant, à coups d’embauche et de débauche de fonctionnaires, à fabriquer des culs-de-jatte pour consoler des unijambistes. Avec à la clé une grande ambition : regarder l’avenir du Liban dans un rétroviseur.
Que les vieux croûtons de la politique, leurs copains et leurs coquins donnent à Jeannot une éruption d’urticaire, cela peut sans doute se comprendre. Mais qu’en guise de panacée, il en vienne à nous resservir la poésie de l’État omniprésent et omnipotent, ce monstre pourvoyeur de gabegie et de corruption dont il nous bassine lui-même les claouis à longueur d’antenne, il n’y a vraiment pas de quoi fouetter une chatte.
Qu’importe, aujourd’hui ses troupes bêlent à l’unisson pour une gonflette des salaires des feignasses de l’administration, avec un concept économique révolutionnaire : travailler moins pour gagner plus. Le tout en s’agrippant comme des malades à la seule bouée de sauvetage qui leur reste, les revendications légitimes des enseignants. À ce niveau d’intox, ce n’est même plus de l’agit-prop, c’est de l’art pour l’art.
Ce joli paquet de sucreries préfigurera le retour aux temps joyeux où l’État ringard servait de soutien-gorge aux prix du blé et de l’essence, et les patrons syndicalistes de cache-sexe à la flemmardise et l’assistanat. D’ici là, Mister Glandeur promet à ses compères de la fonction publique une belle guirlande de grèves. Ça nous changera des journées travaillées où déjà ils n’en foutent pas une rame.
Pour l’heure, ce Jean Jaurès du pauvre s’en remet à la rue pour vendre ses idées futuristes. Le problème, seulement, c’est qu’après le cataclysme financier, c’est lui qui risque de se trouver à la rue.