Fady NOUN | OLJ
Tous les morceaux du puzzle gouvernemental sont désormais réunis. Il faut maintenant les assembler. Aux dernières nouvelles, le secrétaire général du Hezbollah joue à merveille son rôle de partenaire invisible, et laisse entièrement faire Nabih Berry, qui détient « le pouvoir de nouer et de dénouer ». Ce dernier tient fermement au portefeuille des Travaux publics, attribué pour le moment aux Forces libanaises. Mais il y tient pour lui-même, et veut y voir reconduit Ghazi Zeaïter.
L’opinion a cru un moment qu’il était disposé à lâcher ce portefeuille, au profit de son allié, le courant des Marada. Erreur. Par contre, ce qui est certain, c’est que M. Berry refuse de siéger dans un gouvernement où le parti de Sleiman Frangié ne siégerait pas aussi. Et pour son allié, il rêve du portefeuille des Télécoms, qui va pour le moment au courant du Futur, ou de la Santé, qui va normalement aux Forces libanaises.
Par contre, on apprend que le ministre des Affaires étrangères du gouvernement sortant, Gebran Bassil, a proposé aux Marada de garder le portefeuille de la Culture, ou Rony Arayji a fait très bonne figure et a contribué à améliorer l’image que les Libanais se faisaient de la formation de Sleiman Frangié. Et M. Bassil refuse que le portefeuille de l’Éducation nationale aille aux Marada, alors que le Premier ministre désigné le lui avait, en vain, proposé.
Au stade où on en est, pour que le gouvernement soit formé, il faudrait céder aux exigences de M. Berry, qui refuse aussi que le cinquième ministre chiite soit du camp du président Aoun, et insiste pour que ce soit un troisième ministre représentant le Hezbollah. En tout état de cause, il faut faire son deuil de la séparation des pouvoirs, dans la mesure où le gouvernement d’union, ou le gouvernement rassembleur, sera un modèle réduit du Parlement.
Pour sa part, fidèle à l’entente amorcée avec le chef des Marada, le Premier ministre désigné Saad Hariri tient à ce qu’un ministre de ce courant soit présent dans son équipe, et demande à cet allié – que lui dispute M. Berry – d’élargir la gamme des portefeuilles qu’il pourrait accepter.
Du côté du président Aoun, et en ce qui concerne le ministre de la Défense, une chose est sûre. Ce sera, à l’insistance du président de la République, une figure tout à fait indépendante des forces et courants en présence. Mais M. Aoun tient à ce qu’il soit bien vu des Forces libanaises.
Par ailleurs, le ministre sunnite que le président Aoun souhaite nommer sera probablement Leila Solh, ancienne ministre et infatigable vice-présidente de la Fondation al-Walid ben Talal.
Sur un autre plan, et dans la certitude que le ministère de l’Information lui sera attribué, Melhem Riachi a démissionné hier de son poste de chef du département de la communication et de l’information des FL, le règlement intérieur de ce parti interdisant le cumul des deux fonctions officielle et partisane, par souci de combattre le clientélisme. C’est le journaliste Charles Jabbour qui lui succède à son poste.
Il se pourrait bien que Pierre Bou Assi l’imite et démissionne du département des relations extérieures des FL, dans la perspective de sa nomination au ministère des Affaires sociales.
Réorganisation et élections au courant du Futur
On s’orientait hier vers une pause dans le processus de formation du nouveau gouvernement, pour permettre au courant du Futur de tenir son deuxième congrès général, demain samedi et dimanche. Le précédent congrès s’est tenu en 2010. Le congrès se tiendra au Biel et devrait engager ce courant dans un processus de démocratisation et de plus grande transparence.
Près de 2 400 membres du courant du Futur participeront à ce congrès, qui doit élire notamment les membres de son bureau politique et son chef. Cette élection se tiendra dimanche, au second jour des travaux. Le collège électoral devra élire un bureau de 18 membres, choisis parmi 108 candidats de toutes les communautés et régions. L’élection se fera à la majorité absolue et sera retransmise par les télévisions. Selon les organisateurs, 40 % des candidats sont classés jeunes, tandis que les femmes représenteront 25 % des candidats.
Le congrès s’ouvrira demain samedi à midi par une allocution de M. Hariri, qui sera retransmise par les télévisions. Les travaux commenceront immédiatement après, par commissions, qui devront mettre au point le programme politique, économique et social du courant du Futur. Une vingtaine de délégations de partis arabes et étrangers participeront aux travaux à titre d’observateurs.