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Hezbollah-Fatel el-Cham : l’opération entre dans sa phase finale

Dans le secteur dit de Wadi Hmayed, juste après le barrage de l’armée libanaise dans le jurd de Ersal, 155 pullmans attendent patiemment depuis lundi soir de pouvoir transporter vers la localité d’Idleb, au nord de la Syrie, près de 11 000 Syriens, des jihadistes de Fateh el-Cham et les civils qui souhaiteraient les accompagner. Le départ est prévu normalement ce matin, aussitôt que la deuxième phase du cessez-le feu conclu la semaine dernière entre le Hezbollah et Fateh el-Cham (ex Front al-Nosra) au terme d’âpres combats aura pris fin.
Sur ce point précisément, un déblocage est intervenu tard dans la nuit, avec l’échange de trois combattants du Hezbollah contre trois détenus de Fateh el-Cham. Un échange qui a pu être réalisé au terme de tractations ardues qui se sont poursuivies tout au long de la journée, laissant craindre un retard qui risquait de se prolonger. « Les négociations pourraient être conclues d’ici à quelques heures, comme elles peuvent prendre plus de temps, car les pourparlers à ce niveau sont longs et épuisants », avait averti dans l’après-midi, le directeur de la Sûreté générale, le général Abbas Ibrahim, qui supervisait l’opération à partir du village de Laboué.
La seconde étape de l’accord entre Fateh el-Cham et le Hezbollah prévoyait la libération de huit combattants du parti chiite capturés, dont trois qui se sont égarés dans le jurd durant la dernière bataille – en échange du transfert vers Idleb des combattants de Fateh el-Cham, ainsi que des civils. Les négociations s’étaient compliquées à partir du moment où Fateh el-Cham avait relevé le seuil de ses exigences. Le chef de l’organisation terroriste dans le jurd d’Ersal, Abou Malek el-Tallé, a en effet réclamé la libération ou l’évacuation d’une vingtaine de combattants et de partisans de sa formation, dont le terroriste islamiste Chadi Mawlaoui, recherché par l’armée et réfugié dans le camp palestinien de Aïn el-Héloué. Chadi Mawlaoui était impliqué dans les affrontements de 2014 à Tripoli. Abou Malek el-Tallé a exigé en outre la libération d’islamistes détenus à Roumieh et impliqués dans l’enlèvement de soldats libanais dans le jurd de Ersal, le 2 août 2014, dont deux avait été liquidés par ses hommes.
Pour le général Abbas Ibrahim, il n’était pas question d’accepter ni l’une ni l’autre des deux conditions. Le chef de la Sûreté générale, qui s’est rendu tard la nuit à Wadi Hmayed pour superviser l’échange sur le terrain, a révélé à la presse qu’il avait fait savoir à Fateh el-Cham que leurs revendications ne seront pas satisfaites et qu’il lui avait donné un ultimatum expirant à minuit pour revenir à l’accord initial.
« Remettre des personnes réfugiées à Aïn el-Héloué était hors de question, tout comme la libération de détenus dont les mains sont tachées du sang de militaires libanais. Il y va de la dignité de l’État libanais. Abou Malek el-Tallé a réalisé que nous étions sérieux et qu’il n’était pas question pour nous de faire des concessions. C’était à prendre ou à laisser. Il l’a compris et a fini par revenir à l’accord de base », a-t-il dit avant d’accueillir les trois combattants du Hezb libérés par le groupe jihadiste.
Les trois combattants du Hezbollah ont été relâchés dès que Fateh el-Cham a récupéré trois de ses hommes, tous détenus à Roumieh. Deux d’entre eux n’avaient toujours pas été jugés et le troisième avait purgé sa peine.
Les cinq autres combattants du Hezbollah seront libérés en Syrie, lorsque le convoi de bus qui devrait donc s’ébranler dès ce matin en direction d’Idleb arrivera à destination. Il s’agit probablement d’une condition posée par Fateh el-Cham pour garantir que ses combattants et les civils qui les accompagnent ne seront pas attaqués ou inquiétés lors de leur passage en Syrie dans des zones contrôlées par les forces de Bachar el-Assad.
Dans la journée, le général Ibrahim avait refusé de donner le moindre détail sur les pourparlers en cours, de peur de les compromettre. « Les tractations se poursuivent depuis six jours, mais si nous divulguons les obstacles rencontrés, d’autres pourraient surgir, c’est pour cela que je préfère garder le silence car la situation est délicate », avait-il soutenu.
Dans une interview accordée au quotidien koweïtien al-Raï, le chef de Fateh el-Cham dans la région du jurd de Ersal avait indiqué que l’accord avec le Hezbollah prévoit la libération de 10 Syriens, dont cinq sont détenus à Roumieh et cinq autres auprès du Hezb. Il avait aussi déclaré que, selon lui, si l’accord s’était bloqué, « c’était à cause de divergences entre la formation chiite et l’État libanais ». « Le Hezbollah accepte des éléments que le gouvernement libanais rejette et vice versa », avait-il dit.