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Joumblatt appelle, via « L’OLJ », à un « compromis intermaronite historique »

Présidentielle

« Le régime syrien est fini », a affirmé le chef du PSP sur Twitter.

M.H.G. | OLJ

Le chef du Rassemblement démocratique, le député Walid Joumblatt, a une fois de plus appelé hier les druzes de Syrie à rejoindre les rangs de la révolution syrienne, puisque « le régime est fini », appelant les « parasites druzes suspects » proches de Bachar el-Assad à laisser les habitants de la Montagne faire leurs choix en paix.
« Dans un premier message de solidarité avec le peuple syrien, à l’époque de sa résistance pacifique face à la répression du régime, à l’été 2011 à Rachaya, j’avais dit que nous partagions les joies comme les peines du peuple syrien. Aux habitants de Jabal Arqoub, je dis : seule la réconciliation avec les habitants du Hauran peut vous protéger », a indiqué M. Joumblatt sur son compte Twitter.

Et le leader druze de poursuivre : « Aujourd’hui, le peuple syrien triomphe et le régime s’effondre. Le régime est fini avec la chute de la brigade 52, ainsi que de grandes étendues dans le nord de la Syrie et ailleurs. Seule une position courageuse arabe nationale est une garantie de protection. Seule la réconciliation avec les héros de Deraa et ses environs est garante de l’avenir. Les héros de Deraa ont triomphé. Les sacrifices des combattants et des combattantes de Jabal el-Arab qui ont fait face au régime l’ont emporté. Que vivent le martyr Khaldoun Zeineddine, les martyrs de Deraa et les enfants de Deraa », a-t-il ajouté.

« Aux parasites en milieu druze, cheikhs et autres, je dis : laissez les habitants de la Montagne former leur leadership national pour la réconciliation, loin des opportunistes qui ont misé sur le régime au Liban et en Syrie. Si nécessaire, je suis disposé, avec mes compagnons, à réconcilier les gens du Hauran avec leur voisinage, loin de toute ambition personnelle, et loin du parasitage suspect par certains milieux druzes au Liban que nous suivons de très près », a noté le chef du Parti socialiste progressiste (PSP).

Signalons que la déclaration de M. Joumblatt fait suite à une cérémonie organisée lundi à Rachaya par l’ancien député druze pro-Assad Fayçal Daoud pour soutenir l’axe Assad-Téhéran. Le vice-
président du conseil politique du Hezbollah, Mahmoud Comaty, avait indiqué à l’occasion que son parti « s’inquiète le plus du danger auquel l’existence même de la communauté druze est exposée en Syrie et au Liban ». Selon lui, cette inquiétude est « légitime, mais le Hezbollah fera tout pour la dissiper ».

« Oublions la présidence »
À L’Orient-Le Jour, M. Joumblatt a expliqué hier que le régime Assad est pratiquement tombé, après ses déroutes à Idleb et Deraa, mais qu’il continue d’entraîner la Syrie dans « un processus de destruction totale ». Pour le chef du Rassemblement démocratique, depuis la destruction de Homs, Bachar el-Assad, sachant que la Syrie de naguère est perdue, s’est replié sur son « plan B » : un réduit alaouite entre Damas, la route de Homs et la côte alaouite. Cependant, selon lui, ce projet n’est pas viable et représente « une poursuite ad vitam de la guerre ».
M. Joumblatt a par ailleurs reproché à la Russie et à l’Iran d’avoir contribué à la destruction de la Syrie avec Bachar el-Assad, estimant qu’un changement de position de Moscou, dont il est question actuellement, ne changerait guère la situation. « C’est déjà trop tard », a-t-il dit. Il a en outre reproché à Téhéran d’avoir mobilisé des Afghans et des Pakistanais pour se battre dans les rangs des combattants fidèles au régime.

« L’Irak et la Syrie sont perdus. C’est pourquoi il est nécessaire de se montrer un peu sage sur le plan interne », a ajouté Walid Joumblatt,« en établissant un dialogue multilatéral pour assainir la situation, loin des querelles ».
« L’on ne saisit pas la gravité de ce qui se produit actuellement », a-t-il dit, estimant que « Téhéran est en train de placer l’Occident devant l’équation sournoise suivante : l’État islamique ou moi. » Et il y a un phénomène inexplicable, douteux, qui est en train de se dérouler. Comment expliquer qu’une coalition de 60 États ne puisse pas endiguer la poussée de l’État islamique dans la région ? Pourquoi les États-Unis n’ont-ils pas remis les missiles Stinger qui permettraient aux rebelles d’avoir le dessus ? »

« Oublions la présidence de la République » , a-t-il souligné, compte tenu de l’impossibilité de trouver une issue à ce niveau dans le cadre du micmac régional actuel. Le chef du Rassemblement démocratique insiste toutefois sur le fait que la présidence est très importante sur le plan symbolique, dans la mesure où il s’agit du seul poste chrétien à ce niveau dans un monde arabo-islamique ravagé par le fléau identitaire. Pour Walid Joumblatt, il est évident, de plus, que l’élection d’un nouveau chef de l’État contribuerait à renforcer l’immunité politique et sécuritaire du Liban.
« Allez convaincre cependant les grands ténors chrétiens de s’entendre sur un président de compromis » , note-t-il. « Pourtant, nous avons tous grand besoin de ce compromis intermaronite historique, dont ils devraient être les artisans en s’entendant sur une personnalité capable et consensuelle. L’idée du président fort qu’ils défendent est stérile et mène à une impasse. C’est ce genre de logique qui a conduit à la guerre civile », a-t-il conclu. Avec un gros sous-entendu, un non-dit fracassant : un tel compromis historique serait susceptible de réduire à leur plus simple expression tous les diktats émanant de part et d’autre concernant la présidence de la République.