Le secrétaire d’État américain John Kerry a effectué une visite-éclair à Beyrouth, où il s’est entretenu avec le Premier ministre, le patriarche maronite et le président de la Chambre, appelant à procéder à l’élection d’un président dans les plus brefs délais.
La visite du secrétaire d’État américain, John Kerry, arrivé hier à Beyrouth en provenance de Varsovie, a affirmé l’engagement de Washington en faveur de la stabilité du Liban, et lancé deux appels : l’un aux parties libanaises de combler la vacance présidentielle, et l’autre au Hezbollah et ses alliés régionaux, d’œuvrer dans le sens d’une résolution de la crise syrienne qui affecte lourdement le Liban.
Le chef de la diplomatie américaine a entamé sa visite de cinq heures par une rencontre avec le Premier ministre Tammam Salam, au Grand Sérail, suivie par un entretien avec le patriarche maronite Béchara Raï à l’évêché maronite de Beyrouth, et enfin avec le président de la Chambre Nabih Berry à Aïn el-Tiné.
Lors d’une conférence de presse au Grand Sérail, il a indiqué qu’il était ravi de revoir la capitale libanaise, où il s’était déjà rendu maintes fois quand il était sénateur, tissant des amitiés solides avec plusieurs responsables politiques. « Plus qu’un beau pays, le Liban est important pour la sécurité de la région et il est important de le soutenir en cette période difficile », a-t-il ajouté.
La vacance à Baabda
Le chef de la diplomatie américaine a déploré la vacance à la magistrature suprême et appelé à « élire un président très fort, soutenu par un gouvernement immunisé contre toute ingérence étrangère et par un président de la Chambre à l’écoute des aspirations du peuple libanais ». « Le Liban mérite d’avoir un gouvernement efficace et nous souhaitons l’élection d’un nouveau chef de l’État le plus tôt possible », a-t-il encore affirmé, tout en insistant sur la non-ingérence de son pays dans les détails des candidatures. En effet, le responsable américain a précisé, en réponse à une question, que son pays « n’avancera aucune proposition pour résoudre la crise de la vacance et ne soutiendra aucun candidat », l’affaire étant « celle des Libanais ». « L’affaire est laissée aux leaders et au peuple libanais », a-t-il assuré. Il a une nouvelle fois valorisé, à Aïn el-Tiné, « le rôle libanais au niveau de l’échéance présidentielle ». « Nous ne plaçons de veto sur aucun nom », aurait-il affirmé, selon un communiqué de Aïn el-Tiné.
Dans sa conférence de presse, il s’est attardé sur les moyens à travers lesquels les États-Unis entendent mettre en œuvre leur soutien au pays. « Nous tentons de préciser les éventuels effets de la vacance présidentielle sur la situation au Liban, surtout que le maintien de cette vacance entraverait la marche du gouvernement et du Parlement, et les rapports entre les deux », a-t-il affirmé. C’est surtout sur l’enjeu sécuritaire qu’il a insisté. « Le Liban est important pour la sécurité de la région et nous nous engageons à en maintenir la stabilité et la souveraineté », a-t-il déclaré. « J’ai transmis au président Salam l’engagement du président Barack Obama de soutenir le Liban et sa sécurité, qui est d’ailleurs au cœur des préoccupations américaines. » « Nous étudions les moyens d’appuyer les institutions sécuritaires et militaires dans leur lutte contre le terrorisme, puisque nous ferons tout pour protéger le Liban des projets étrangers », a-t-il expliqué.
Un appel au Hezbollah
John Kerry a en outre appelé la Russie, l’Iran et le Hezbollah « à œuvrer pour mettre un terme à la guerre en Syrie ». Il a dans ce contexte assuré que son pays déploie tous les efforts pour aboutir à une issue politique au conflit syrien et arrêter ce « drame ».
S’agissant de la crise des déplacés syriens, il a annoncé au nom du président Barack Obama une aide de 290 millions de dollars supplémentaires à destination de l’ONU pour les réfugiés syriens et les pays hôtes touchés par cette crise, dont « 51 millions de dollars seront pour le Liban ».
« Le Liban est le pays le plus touché par la crise syrienne, notamment avec le flux des réfugiés syriens sur son territoire », a-t-il affirmé. Plus encore, « il accueille le plus grand nombre de réfugiés par habitant au monde », a-t-il souligné, revenant sur des détails spécifiques au Liban, comme « le fardeau de l’absence de camps de réfugiés sur l’infrastructure, les écoles et la structure sociale des 1600 villes et villages qui reçoivent les déplacés ».
Une « non-élection » en Syrie
Le responsable américain a d’ailleurs commenté l’élection présidentielle en Syrie que Bachar el-Assad est assuré de remporter. « Cette » élection est une non-élection, c’est un zéro pointé, tant que la crise subsiste et les tueries continuent, a-t-il martelé, en réponse aux questions des journalistes.
Il a par ailleurs assuré que les relations des États-Unis avec Israël sont « très bonnes “et” vont au-delà des questions de sécurité ».
Lors de son passage de quelques heures au Liban, M. Kerry devait également rencontrer le président du Parlement Nabih Berry à Aïn el-Tiné ainsi que le patriarche maronite Béchara Raï à l’évêché maronite de Beyrouth.
Des mesures de sécurité renforcées ont été prises dans la capitale libanaise pour cette première visite d’un secrétaire d’État américain en cinq ans au Liban. La dernière visite remontait à avril 2009, avec celle de Hillary Clinton.