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La banlieue sud de Beyrouth se prête à l’armée et aux FSI

 

Le plan sécuritaire annoncé par les autorités a commencé à être mis en œuvre hier dans la banlieue sud de Beyrouth, dont les entrées grouillaient déjà de soldats et de policiers depuis la série d’attentats qui ont visé cette région il y a deux ans. Selon des sources sécuritaires, le plan devait être étendu à d’autres secteurs à partir d’hier soir et à terme englober toute la capitale.
L’armée et les Forces de sécurité intérieure (FSI) ont établi plusieurs barrages de contrôle, notamment dans les secteurs Mar Mikhaël-Chiyah, Kafa’at, Moucharrafiyé, dans le cœur de Mreijé, Hay el-Sellom et dans le périmètre de l’Université libanaise à Hadeth. Les mesures vont durer plusieurs jours. Il y aura de nombreux points de contrôle fixes et mobiles, a précisé l’armée dans un communiqué. Les forces de l’ordre pourront vérifier l’identité des piétons et des automobilistes, et faire circuler des patrouilles. Elles mèneront également des perquisitions à la recherche de suspects. La troupe a appelé les citoyens à se conformer aux mesures prises « pour leur propre sécurité » et les a invités à signaler toute activité suspecte.
Ce plan de sécurité, mis au point sous la houlette du ministre de l’Intérieur, Nouhad Machnouk, est le fruit du dialogue en cours entre le courant du Futur et le Hezbollah, ce qui n’empêche pas les responsables des deux formations de hausser périodiquement la tonalité de leurs polémiques. M. Machnouk, quant à lui, est la cible d’une campagne menée par des députés de son propre bloc parlementaire qui lui reprochent de mener exclusivement des interventions musclées contre les islamistes sunnites.
Le ministre de l’Intérieur doit effectuer une visite aujourd’hui dans la banlieue sud afin de superviser l’application du plan sécuritaire sur le terrain. Entamé à l’aube dans le fief du Hezbollah et du mouvement Amal, le plan laisse cependant sceptiques divers milieux où l’on met en doute son sérieux et son efficacité, dans la mesure où il a été annoncé à l’avance, ce qui a pu donner une marge de manœuvre aux hors-la-loi et autres fauteurs de troubles, leur permettant de s’organiser et de quitter les lieux où les forces de l’ordre devaient intervenir.
« Espérons que ce plan sera différent de celui qui a été appliqué dans la Békaa et dont l’annonce anticipée a permis à de grands repris de justice de se soustraire aux forces de sécurité et de fuir », a ainsi commenté le député de Beyrouth Ammar Houri, membre du bloc du Futur, rappelant que sa formation avait prôné le slogan de « Beyrouth sans armes », une étape nécessaire sur la voie de « l’État souverain sur la totalité du territoire ».

Mohammad Fneich, ministre d’État pour les Affaires du Parlement et député du Hezbollah, a pour sa part accueilli avec enthousiasme la présence des forces de l’ordre dans la banlieue sud. « La banlieue sud doit se conformer, à l’instar de toutes les autres régions libanaises, à la politique sécuritaire gouvernementale et profiter de la protection de l’armée et des forces de sécurité qui sont les seules capables d’assurer la sécurité des citoyens », a déclaré M. Fneich à L’Orient-Le Jour. « Les habitants de la banlieue et les partis de la région soutiennent fermement l’application d’un tel plan. La capitale et sa banlieue ne devraient pas être exclues des plans de sécurité mis en œuvre à travers le Liban et il n’y a aucune raison pour qu’elles le soient », a-t-il affirmé.

(Lire aussi : Aoun creuse le fossé avec le Hezbollah)

 

Arrestations à Saïda
À Saïda, des sources proches de la députée Bahia Hariri ont assuré à L’Orient-Le Jour que le plan de sécurité pour le chef-lieu du Liban-Sud est mis en œuvre depuis un moment déjà et que les forces de l’ordre procèdent à des arrestations de suspects avec le soutien de tous les notables de la ville. Ces derniers auraient même demandé aux factions palestiniennes présentes dans les camps de la région de Saïda de se soumettre aux directives de l’armée et des agents de l’ordre déployés dans la région et de maintenir un minimum de stabilité chez eux.
Dans ce contexte, l’armée a annoncé l’arrestation de deux collaborateurs du cheikh Ahmad el-Assir, hier, à Abra, à l’est de Saïda, théâtre en juin 2013 de violents affrontements entre la troupe et les partisans du cheikh salafiste. Ce dernier a lancé hier un appel, sur son compte Twitter, à tous ses partisans, leur demandant de « disparaître dans la nature pour ne pas devenir les proies des forces de l’ordre criminelles ». En parallèle, les agents des FSI avaient renforcé, dès hier matin, leurs barrages d’inspection dans la région du Sud.
Dans le caza de Marjeyoun, les FSI ont procédé à des inspections de voitures et une vérification systématique des identités.

À l’autre bout du pays, dans le Akkar, des unités de l’armée libanaise ont fait circuler des patrouilles, hier, et mis en place des barrages fixes dans plusieurs localités. Les soldats ont contrôlé l’identité des passants et fouillé plusieurs voitures, procédant à de nombreuses interpellations.