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La responsabilité du marathonien

Après 17 heures de négociations tendues, le président du Conseil européen, Donald Tusk, a annoncé lundi matin qu’un accord à l’unanimité avait été trouvé pour négocier un nouveau plan d’aide à Athènes. Il s’agissait là du dernier épisode du marathon grec lancé en 2009, avec l’annonce par le gouvernement de Papandréou d’un déficit budgétaire trois fois supérieur aux statistiques officielles. Avec le plan dont le principe a été adopté lundi, la Grèce garde sa place dans la zone euro, mais cette dernière a montré ses limites, les profondes divisions en son sein et la réversibilité de l’adoption de la monnaie unique. La Grèce, elle, reprend le chemin des lourds sacrifices, sans garantie d’une sortie de crise rapide, voire d’une sortie de crise tout court. Pas nécessairement réjouissant, mais l’alternative, une absence d’accord et son Grexit corollaire, relevaient eux de la terra incognita.

Autre négociation marathon, celle sur le nucléaire iranien. Un marathon lancé il y a 12 ans. Douze années marquées par des impasses, dates butoirs et autres accords intérimaires ou cadres. Jusqu’à ces derniers jours, et une dernière ligne droite qui n’en finit plus de finir.

En jeu dans ce marathon, la sécurité de la région, voire au-delà. Pour l’Iran, un retour dans le concert des nations et une levée des sanctions. Pour le reste du monde, une neutralisation de la menace nucléaire iranienne en son volet militaire. Pour l’Arabie saoudite et Israël, de gros revers.

Il est une négociation qui dure depuis plus longtemps encore que les deux marathons précités et dont les enjeux recoupent et dépassent ceux de ces derniers.

Ce marathon, c’est celui de la lutte contre le réchauffement climatique, dans le cadre de la Conférence des parties (Cop), cette réunion annuelle qui, depuis 1992, rassemble les 195 États membres de la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques.

En décembre, le Cop21 se tiendra à Paris, une réunion qualifiée de cruciale par de nombreux experts, dont l’objectif sera pour les États de s’engager sur les moyens de contenir le réchauffement à 2 °C.

Les enjeux de ces négociations-là sont de nature environnementale bien sûr, mais ils vont aussi largement au-delà. Ces enjeux ont été résumés par plus de 40 experts internationaux dans un rapport publié hier.

Que dit ce rapport ? Que le réchauffement climatique, en entraînant une hausse du niveau des mers, restreint la surface des zones de production agricole et d’habitation engendrant, par là même, des flux migratoires et des conflits ; une pression extrêmement déstabilisatrice dans certaines régions qui entraînera une réduction des capacités d’intervention des gouvernements, voire laissera sans administration des territoires entiers, favorisant ainsi l’émergence de groupes terroristes. D’« énormes risques pour la sécurité nationale et internationale », résument les experts.

Les solutions existent, les experts en ont un large éventail, dans tous les domaines, de l’urbanisme à la santé, en passant par la gestion de l’eau ou la transition vers les énergies renouvelables.

Mais si les experts proposent, ce sont les politiques qui disposent.

Sur la crise grecque, les politiques ont tranché, avec plus ou moins de bonheur ; sur le nucléaire iranien, ils pourraient le faire sous peu. Sur le climat, on n’en attend, urgemment, pas moins d’eux, car l’enjeu, réel, de ces négociations marathons n’est rien moins que notre avenir à tous. Le secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon, ne disait pas autre chose, hier, à l’ouverture à Addis-Abeba d’une conférence sur le financement du développement, un dossier lui aussi au cœur de négociations souvent longues et délicates, avec cet appel aux responsables : « Laissons de côté ce qui nous divise et nos intérêts particuliers pour travailler ensemble au bien-être commun de l’humanité. »