Chadi Mawlaoui, Oussama Mansour et Khaled Hoblos disparus après avoir semé la mort et la destruction autour d’eux.
Le calme est de retour dans la capitale du Nord, après plusieurs jours d’affrontements qualifiés des plus violents entre l’armée et des groupes islamistes. Mais la chasse à l’homme ne s’est pas terminée. Ayant pour la première fois investi – par la force des choses – le quartier de Bab el-Tebbaneh, d’où la troupe tentait de déloger les combattants islamistes, l’armée a affirmé hier qu’il n’était pas question qu’elle se retire de ce quartier, du moins pour le moment, soutenant que « la guerre ne s’arrêtera qu’une fois que ceux qui sont recherchés par la justice seront arrêtés ».
Pour la troupe, le fait que les soldats « sont entrés à Bab el-Tebbaneh est en soi une victoire ».
D’ailleurs, les points d’interrogation suscités par la disparition inopinée des trois meneurs islamistes – Oussama Mansour et Chadi Mawlaoui à Tripoli, et Cheikh Khaled Hoblos à Minyé – restent entiers malgré certaines explications avancées en ce sens. Parmi celles-ci, le fait qu’une partie des éléments armés a réussi à échapper à l’armée en se faufilant parmi la population civile le soir où la troupe avait ouvert un couloir sécuritaire pour permettre aux habitants de fuir les zones de combats. C’est cette thèse qu’avalise d’ailleurs l’ancien ministre Ahmad Karamé, qui a démenti hier les informations selon lesquelles l’armée aurait ouvert un point de passage pour laisser filer les combattants.
« Une partie d’entre eux a réussi à fuir au moment où près de 20 000 Tripolitains de Bab el-Tebbaneh étaient évacués », a-t-il dit, ajoutant qu’une partie des islamistes a été arrêtée par l’armée.
« L’important est que la troupe a réussi à s’imposer à Bab el-Tebbaneh. L’armée, que nous soutenons à fond, est notre seul espoir », a-t-il déclaré, assurant que Tripoli « n’est pas un milieu propice pour les terroristes et les radicaux. Tripoli n’est ni Damas ni Bagdad ».
L’ancien ministre a souligné la nécessité d’élargir le plan sécuritaire à Tripoli, exhortant les responsables à renforcer la présence des forces de l’ordre surtout la nuit, où l’on ne voit pas un seul élément sur place.
Dans un entretien accordé à la NTV, cheikh Nabil Rhim a affirmé que les médiations n’ont pas porté sur l’évacuation des éléments armés, mais sur un cessez-le feu et sur l’entrée de l’armée à Bab el-Tebbaneh.
Le ministre de la Défense a été catégorique : « Il n’y a eu aucun compromis, ni à Tripoli ni ailleurs. L’armée a effectué des opérations militaires devant lesquelles il faut s’incliner et rendre hommage à son commandement. » Samir Mokbel a ajouté que l’armée poursuit sa mission à la recherche des hors-la-loi et ne reculera devant rien.
M. Mokbel s’exprimait ainsi à l’issue d’une rencontre avec l’ancien Premier ministre Nagib Mikati, qui a démenti à son tour le fait qu’il y ait eu un quelconque compromis, affirmant que la dernière réunion a eu lieu au domicile de cheikh Malek Chaar et avait regroupé les responsables politiques de la ville et le chef du bureau de renseignements de l’armée au Liban-Nord. « Nous avons examiné les moyens de faire régner la sécurité et l’ordre et la nécessité de sauver la vie des civils », a-t-il dit.
Sur le terrain, les soldats ont poursuivi hier leurs perquisitions dans les ruelles de Bab el-Tebbaneh et ailleurs dans les localités environnantes de Minyé où se sont déroulés les combats avec le groupuscule de cheikh Khaled Hoblos.
La troupe, qui était toujours à la recherche des islamistes en fuite, a renforcé ses effectifs à Mhammara dans le Akkar. Des perquisitions et des ratissages ont d’ailleurs été effectués dans plusieurs localités du Akkar, à Minyé, Abdé, Biré, Aïn Samak, Akroum, Nabi Youcheh, où la troupe suspectait la présence d’éléments armés. Trente-trois personnes ont été arrêtées lors de ces perquisitions.
Quatre Libanais ont par ailleurs été arrêtés à Majdel Anjar. Ils transportaient de l’argent à des islamistes dans l’Anti-Liban.