L’éditorial
|
92 % des humains respirent un air ambiant excessivement pollué, avertissait hier l’Organisation mondiale de la santé, énumérant les diverses causes de cet alarmant phénomène.
Parmi ceux-ci figure la combustion des déchets, ce dont se doutaient bien les infortunés Libanais, forcés d’inhaler les miasmes de ces montagnes d’ordures ménagères que l’on incinère, jour après jour, un peu partout. À nos malheurs écologiques s’ajoute, bien sûr, une atmosphère politique des plus délétères. Mais le reste de la planète, lui, respire-t-il vraiment mieux, au lendemain de ce face-à-face télévisé qui opposait, toujours hier, les deux prétendants à la direction de la superpuissance américaine ?
Bien que fertile en échanges de piques, le débat n’aura pas trop malmené, en définitive, les règles de la bienséance, Hillary Clinton appelant familièrement son adversaire par son prénom et celui-ci lui donnant du Madame la secrétaire (ministre). De cette joute médiatique, la première d’une série de trois précédant l’élection présidentielle de novembre, c’est apparemment la candidate démocrate, lourdement pénalisée ces derniers temps par les sondages, qui gagne aux points. Les marchés asiatiques ont favorablement réagi à la nouvelle et les Européens ont vu s’éloigner d’autant – pour le moment du moins – le spectre d’un désengagement des États-Unis de l’Otan, prôné en effet par le champion républicain. C’est dans notre partie du monde cependant que les enjeux, tant planétaires que régionaux, se trouvent le plus inextricablement, le plus explosivement imbriqués. Du coup, les perspectives y sont encore plus incertaines. Et cela, quel que soit le vainqueur de cette course échevelée à la Maison-Blanche.
Déjà relégué par la guerre de Syrie au second rang des préoccupations internationales, le conflit de Palestine menace de se traduire par un soutien sans cesse croissant de Washington aux projets expansionnistes d’Israël. Tout à ses idées isolationnistes, Donald Trump s’est bien hasardé à parler de neutralité entre Israéliens et Palestiniens. Si vive toutefois a été la réaction de l’influent lobby juif qu’il en est à promettre, s’il est élu, de reconnaître Jérusalem comme la capitale de l’État hébreu, et d’y installer l’ambassade des États-Unis.
C’est sans la moindre réserve, en revanche, que Hillary Clinton affiche ses sympathies israéliennes, en même temps que ses tendances interventionnistes, lesquelles contrastent fortement avec la prudence extrême de son parrain, le président Barack Obama. Comme le montre la divulgation de son courrier électronique personnel alors qu’elle était encore à la tête du département d’État, ce n’est pas par souci des droits de l’homme mais seulement parce que cela pouvait aider Israël qu’elle s’est juré la perte de Bachar el-Assad.
Comment Hillary s’y prendrait-elle pour combattre simultanément la sanglante dictature syrienne et ce même Daëch dont la frénésie terroriste épouvante la terre entière ? Toujours est-il que pour sa part, son islamophobe d’adversaire trouve bien plus simple de laisser faire à sa guise ce très respectable Vladimir Poutine : Poutine que l’on voit actuellement redoubler d’ardeur au travail dans la ville martyre d’Alep, mettant ainsi à profit l’inconsistance et l’impuissance de l’administration US.
Ici un Trump insupportablement outrancier, et même ordurier ; là, une Clinton pas très nette au double plan moral et financier : c’est sur un même manque de transparence que se retrouvent les deux candidats. L’avenir n’en est, inévitablement, que plus opaque.