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Il ne vient pas pour nous vendre des bateaux de guerre et un satellite de télécoms militaire, comme il le fera en Égypte. Et dans ses valises, il n’apporte aucune solution miracle à nos innombrables et affligeants problèmes. C’est en ami, en ami fidèle, en ami préoccupé et même inquiet, que le président François Hollande entame aujourd’hui une brève visite de travail à Beyrouth. Et même quand ils n’ont pas grand-chose de concret à offrir, les amis, les vrais, restent invariablement de bon conseil.
Premier motif de préoccupation : cette présidence de la République qui n’en finit pas de se mettre en vacance(s ?). Pour briser l’impasse actuelle, et tout en se gardant soigneusement de toute ingérence dans les affaires libanaises, la France pencherait désormais pour l’élection d’un candidat non déclaré, d’une personnalité consensuelle, et même apolitique au besoin : cette dernière éventualité paraissant idéale, dans un pays politisé à outrance et où les rivalités et tensions sectaires ont envahi la vie publique. Reste à savoir si dans l’entrelacs des ambitions locales et des interférences étrangères, la France sera entendue.
Non moins angoissant est le rébus que représente l’assistance relative à la masse de réfugiés syriens installés sur notre sol. Pour l’avoir pétri, modelé, façonné, la France est la mieux placée au monde pour réaliser la menace existentielle que représente, pour notre pays au délicat équilibre démographique, une telle masse d’humanité en détresse : laquelle masse vient s’ajouter aux centaines de milliers de Palestiniens réfugiés sur cette terre depuis des décennies, victimes d’une injustice objectivement cautionnée par les puissances. Quant au rébus, il s’énonce froidement ainsi : lésiner sur l’aide au Liban, c’est le condamner à périr, c’est faire de ce petit pays un énorme vivier de désespérés, de délinquants, de terroristes, perspective qui devrait épouvanter non point les seuls Libanais mais la planète tout entière. Et se borner à offrir à tous ces malheureux les moyens d’un séjour décent, sous prétexte qu’ils résident fort opportunément à un jet de pierre de leur patrie, c’est condamner le Liban à une mort lente, pour peu que se fasse attendre un règlement négocié du conflit syrien.
Last but not least se pose la question des équipements de fabrication française promis à l’armée libanaise dans le cadre d’un don saoudite. Mécontente d’une diplomatie libanaise par trop complaisante pour l’Iran, l’Arabie, comme on sait, a fort maladroitement mis au frigo son élan de générosité. Le coup est dur pour le Liban, bien sûr, mais aussi pour la France, et pas seulement en termes de manque à gagner pour ses industries militaires. Car plaider notre cause auprès des Saoudiens, comme se propose de le faire Paris, c’est bien, mais pas assez. Continuer quand même de livrer ne serait-ce qu’une modeste partie du matériel serait, en revanche, bien davantage qu’un geste princier envers un pays que l’on a porté sur les fonts baptismaux. Et où ne reste plus pratiquement debout que l’institution militaire.
Bienvenue au pays des rébus, dilemmes et autres casse-têtes, Monsieur le Président.