Il y a 34 ans, jour pour jour, le 23 août 1982, le Liban avait rendez-vous avec l’espoir. Bachir Gemayel était en effet élu président de la République alors que le pays était plongé dans un conflit armé et une crise chronique qui durait depuis la fin des années 60. Le président élu a été toutefois assassiné le 14 septembre 1982, soit 21 jours après son élection, dans un attentat terroriste qui avait visé la permanence Kataëb d’Achrafieh.
Cette année, le 34e anniversaire de cette élection sera marqué par le lancement d’un documentaire sur le président assassiné. Une cérémonie sera organisée à cette occasion ce soir, à 20 heures 30, à l’école des pères lazaristes, à la place Sassine, à Achrafieh.
« C’est un documentaire qui a nécessité plus de trois ans de travail, notamment pour assembler toutes les données. La production est signée Mercury Content, une compagnie filiale du groupe Quantum d’Élie Khoury, et le contenu porte la signature de Georges Ghanem, journaliste, analyste politique, ancien rédacteur en chef des nouvelles de la LBCI et ancien conseiller du président Michel Sleiman », relève dans un entretien avec L’Orient-Le Jour le député maronite de Beyrouth, Nadim Bachir Gemayel.
« À plusieurs reprises, j’avais sollicité Georges Ghanem qui a à son actif des documentaires sur Camille Chamoun, Charles Hélou et Kamal Joumblatt, mais je pense que le moment propice d’un documentaire sur Bachir Gemayel n’était pas encore venu. C’était entre 1998 et 2005 », poursuit-il.
Ce documentaire de 5 heures 20 minutes sera diffusé en cinq épisodes par la chaîne MTV. Le premier épisode sera projeté aujourd’hui à 21 heures 15 minutes. Les autres épisodes seront diffusés tous les mardis, à part le dernier qui sera sur les écrans de la MTV le mercredi 14 septembre, après les nouvelles de 20 heures.
Aujourd’hui, une cérémonie officielle de 45 minutes aura donc lieu dans la cour de l’église de la Médaille miraculeuse des lazaristes à Achrafieh. Elle sera présentée par la journaliste et ancienne conseillère du président Élias Hraoui, May Kahalé. Le député Nadim Gemayel et Georges Ghanem interviendront pour mettre la lumière sur l’importance de ce documentaire et le travail de recherche effectué.
Le premier épisode du documentaire, qui sera diffusé par la MTV, suivra. Il sera projeté en direct sur écran géant dans la cour de l’église des lazaristes.
Les cinq thèmes des épisodes qui retracent la vie de Bachir Gemayel et à travers eux une époque fort importante de l’histoire moderne du Liban sont :
1947-1975 : « Un rebelle avec une cause »
1975-1977 : « Le Liban est divisé en deux »
1977-1980 : « L’invasion syrienne »
1980- 1981 : « Les échelons gravis »
1981-1982 : « Le président »
La gloire et la mémoire des chrétiens
« Ce documentaire dépeint des étapes importantes de la guerre du Liban. Rien n’a été passé sous silence. Il relate entre autres les drames d’Ehden et de Safra ainsi que les élections présidentielles après l’offensive israélienne de 1982 », souligne Nadim Gemayel, notant que la fondation qui porte le nom de son père a approuvé le documentaire sans pour autant interférer dans le contenu qui est signé Georges Ghanem.
Notons que les personnes interviewées dans ce documentaire sont par ordre alphabétique : Johnny Abdo, Amine Abi Salloum, Abdallah Abou Habib, Jacqueline Abou Halka, Joseph Abou Khalil, Fouad Abou Nader, Sakr Aoun, Raymond Arab, Sejaan Azzi, Salim Bassila, Jean Besmarji, Abdo Chakhtoura, Isis Daher, Joe Eddé, l’ancien député Osman Dana, l’ancien ministre Salim Jahel, Fadi Frem, Naoum Farah, Georges Freiha, Samir Geagea, Solange Gemayel, Paul Gemayel, Amine Gemayel, Alexandre Gemayel, Charles Ghostine, John Gunther Dean, Tarek Habchi, Élie Karamé, Abdel Halim Khaddam, Albert Lahham, Alfred Madi, Albert Mansour, Saadallah Mazraani, l’abbé Boulos Naaman, Nazar Najarian, Béchara Nammour, Karim Pakradouni et Joseph Toutounji.
« Bachir Gemayel représente une étape importante de l’histoire du pays et aussi la gloire et la mémoire des chrétiens du Liban », note le député d’Achrafieh.
Il explique d’ailleurs que, pour célébrer cette victoire et ces moments de joie, la Fondation Bachir Gemayel a décidé, à partir de la trentième commémoration de l’assassinat du président élu, de rendre hommage au jeune chef chrétien le jour de son élection et non pas le jour de son assassinat.
Depuis 2012 donc la messe commémorant l’assassinat est célébrée dans l’intimité en l’église Saint-Michel à Bickfaya, et la cérémonie officielle marquant cette phase de l’histoire du Liban est célébrée le 23 août.
Dans ce cadre, en 2012, une conférence a été organisée à l’Université Saint-Joseph pour parler de l’élection du 23 août 1982, et un concert de chants partisans a été donné sur le parvis de l’église des lazaristes. L’année suivante, la rue Bachir Gemayel a été inaugurée au centre-ville de Beyrouth. La rue relie le secteur de la cathédrale Saint-Paul des arméniens à la place des Martyrs.
Depuis plus de trois ans et demi, la Fondation Bachir Gemayel s’emploie à constituer conjointement avec la bibliothèque de l’Université Saint-Esprit de Kaslik (Usek) des archives sur le président assassiné.
« Nous continuons à rassembler encore ces archives », souligne le député maronite de Beyrouth.
Également, à l’occasion du 34e anniversaire de l’élection de Bachir Gemayel, une App pour I-pad a été créée. L’App propose toutes sortes d’informations sur le président assassiné, notamment ses photos, les discours qu’il a prononcés et les batailles qu’il a menées.
Invité à présenter son père pour des étrangers qui ne connaîtraient pas Bachir Gemayel, le député maronite de Beyrouth souligne que « Bachir Gemayel était le père de la nation libanaise moderne ». « Il avait défini des valeurs, des principes et des idéaux qui constituent le modèle parfait d’un État libanais, souligne Nadim Gemayel. Je le comparerais à John Kennedy, aux États-Unis, non pas sous l’angle de la tragédie, mais plutôt sous l’angle de l’espoir, du changement et du coup de jeune qu’il a donné à son pays. »