IMLebanon

Le bal des faux-culs

Gaby NASR |  

Ainsi, le tabassage plus que musclé de prisonniers islamistes dans le pénitencier de Roumieh a choqué la classe politique. Préparez vos mouchoirs ! Des années durant que l’Onu, Amnesty International et Human Rights Watch tartinent des rapports à longueur de paperasse sur les mauvais traitements infligés aux humanoïdes qui croupissent en taule, aux paumés qui vagissent dans les commissariats, aux sans-papiers transformés en OGM dans des cachots insalubres. Tout le monde savait : le concierge, le pompiste, l’épicier du coin, jusqu’au garçon coiffeur… mais pas les ministres et députés. Et puis il aura suffi que quelques images fuitent sur les réseaux sociaux pour que ça larmoie à tout berzingue et que le stock d’indignation s’épuise. Faux-cul, va !
Comme si on ne savait pas que la violence était inscrite dans la culture des régimes arabes. À tel point d’ailleurs que c’est auprès de certains d’entre eux que la CIA avait choisi un moment de sous-traiter l’interrogatoire de ses prisonniers. Le Liban avait été épargné à l’époque. Pas assez fiable ! Forcément, ça n’a jamais été comme chez les frérots d’à côté, où, du temps de sa gloire, Bachar el-Assad récoltait 100 % des voix, arrachait 100 % des ongles et délivrait 100 % du courant électrique aux gégènes des tortionnaires.
Pour autant, le Liban n’est pas vernis non plus. Chacun sait que chez nous, les pandores sont habilités à entrer bottes premières et toutes dents dehors au domicile du prévenu, lequel est traîné manu militari jusqu’au trou où il sera manu ligaturi. Que dans le secret du confessionnal, il est commun de battre l’accusé tant qu’il est chaud dans la limite de la résistance des cartilages de l’enquêteur. Que c’est bien le diable si le steak haché ainsi obtenu ne finit pas par avouer l’assassinat de Rafic Hariri, René Moawad et Béchir Gemayel réunis. Bref, que la cour de justice souvent passe bien après la basse-cour de police.
Mais bon, le gouvernement a pris des sanctions et décrété que ce genre d’incident ne se reproduira plus. Le premier qui éclate de rire sera fusillé !