Moins de deux semaines avant la conférence des donateurs sur la Syrie, prévue le 31 mars au Koweit, le Conseil de sécurité de l’Onu a appelé hier la communauté internationale à se montrer généreuse envers le Liban.
Dans une déclaration présidentielle, les 15 pays membres du Conseil soulignent qu’il est « crucial » d’accroître « significativement » l’aide apportée au Liban dans ses efforts pour gérer les conséquences de l’afflux des réfugiés syriens. Ils se déclarent « gravement préoccupés par les conséquences de l’accueil de plus de 1,18 million de réfugiés syriens, soit un nombre proportionnellement plus important au Liban par rapport à la population nationale que dans n’importe quel autre pays, ainsi que par les incidences sur les communautés d’accueil, la stabilité et la sécurité du Liban et l’ensemble de la région ».
Parrainée par la France, la déclaration met l’accent sur les « défis extraordinaires » auxquels le Liban et le peuple libanais continuent d’être confrontés à cet égard, sur les efforts déployés par le Liban pour accueillir, aider et protéger ces populations ainsi que sur l’importance du respect des droits de l’homme et des principes humanitaires. Le Conseil prend aussi « note » des récentes décisions du gouvernement libanais concernant sa politique relative aux réfugiés syriens et encourage celui-ci à continuer de travailler en étroite collaboration avec l’Onu, en particulier avec le Haut Commissariat des Nations unies (HCR) et ses partenaires.
Réunion du Koweït
Le Conseil souligne l’importance d’aider le Liban à assurer les services dans des domaines essentiels tels que l’éducation et la santé, afin de préserver la stabilité et la sécurité du pays. Il « exhorte » la communauté internationale à verser d’urgence les contributions déjà annoncées et à « accroître significativement » l’aide apportée au Liban, conformément au Plan de gestion des répercussions de la crise syrienne sur ce pays, « notamment à l’occasion de la troisième Conférence internationale d’annonce de contribution pour l’aide humanitaire à la Syrie, qui doit se tenir au Koweït le 31 mars ».
Le Conseil « apprécie » aussi le travail accompli par le Groupe international d’appui au Liban sous la direction du secrétaire général de l’Onu et son rôle dans la promotion d’un appui international ferme et coordonné pour l’aider à faire face aux difficultés multiples qui menacent sa sécurité et sa stabilité. Ce groupe devra poursuivre ses travaux en concertation avec la cordonnatrice spéciale de l’Onu au Liban, Sigrid Kaag, et trouver les moyens de l’aider à faire face à l’accroissement des défis pour sa sécurité et sa stabilité, y compris les conséquences des crises régionales et les implications de l’accueil de millions de réfugiés.
Participation de Ban Ki-moon
« L’Onu a, à plusieurs reprises, fait part de son inquiétude face à l’incidence énorme du flux massif de réfugiés syriens sur la stabilité du Liban », a souligné à L’Orient-Le Jour le porte-parole de l’Onu, Farhan Haq. « Nous apprécions beaucoup l’immense sacrifice que le gouvernement et le peuple libanais ont fait. Nous exhortons la communauté internationale dans son ensemble à intervenir pour venir en aide au Liban. La prochaine réunion du Koweït a pour objectif d’intensifier l’aide internationale au Liban et aux autres pays d’accueil, tels que la Jordanie et la Turquie. Nous espérons que les pays y contribueront généreusement. Le secrétaire général de l’Onu y prendra part. Quel message portera-t-il à cette conférence ? « Que tant que la crise syrienne n’est pas résolue, nous verrons encore des millions de réfugiés se déplacer vers les pays de la région, avec des conséquences humanitaires encore plus graves. Nous devons donc résoudre le problème en Syrie, mais nous devons également apporter un soutien à ces pays qui en ont besoin », réplique Farhan Haq
Dans sa déclaration, le Conseil de sécurité se dit également » profondément préoccupé « par les incidents qui se sont produits récemment au niveau de la ligne bleue, dans la zone d’opérations de la Finul, et insiste sur le fait que ce type de violence et la présence d’armes non autorisées violent les dispositions de la résolution 1701 et constituent une rupture de la cessation des hostilités. « Ces événements risquent de déclencher un nouveau conflit, ce qu’aucune des parties de la région ne peut se permettre », selon le texte.
Le Conseil exprime par ailleurs son inquiétude face à « l’incidence négative croissante de la crise syrienne sur la stabilité du Liban et à la menace imminente qu’elle représente pour sa sécurité ». Il « note » avec une vive inquiétude toutes les autres violations transfrontalières, y compris la présence de groupes terroristes sur certaines parties du territoire libanais, la participation accrue de certaines parties libanaises aux combats en Syrie, et les risques qui en résultent pour la stabilité du Liban et pour le peuple libanais. Il invite instamment toutes les parties libanaises « à réaffirmer leur adhésion à la politique de dissociation et à se garder de toute immixtion dans la crise syrienne ».
Le Conseil condamne « dans les termes les plus énergiques les actes de terrorisme, y compris les prises d’otages par des groupes terroristes et extrémistes violents, notamment le groupe État islamique le Front al-Nosra, sur le territoire libanais ». Il fait part de sa préoccupation face à une radicalisation grandissante dans toute la région et la menace que celle-ci fait peser sur le Liban. Il se déclare également « préoccupé » par l’enlèvement de soldats libanais par l’EI et le Front el-Nosra, et réclame leur libération immédiate.