C’est sur un constat plutôt sombre que s’achève l’année, si l’on tient compte uniquement des perspectives de dialogue interne. Quel dialogue peut-il s’établir, en effet, entre le Hezbollah et le courant du Futur, quand Saad Hariri redoute de rentrer au Liban ? Sans compter qu’une rencontre entre l’ancien Premier ministre et Hassan Nasrallah est pratiquement impossible, sinon par exception, puisque le secrétaire général du Hezbollah vit dans la clandestinité.
Par ailleurs, quel dialogue peut-il s’établir entre Michel Aoun et Samir Geagea, tant que le premier bloque systématiquement la vie des institutions en s’absentant des réunions parlementaires consacrées à l’élection d’un président de la République, tout en prétendant qu’il s’agit d’un « droit » ? Ainsi, la paralysie des institutions serait l’un des droits des députés qui, par ailleurs, n’auraient aucun devoir envers la Constitution.
C’est dans cet esprit que les observateurs ont affirmé hier que la convocation de la Chambre à une réunion le mercredi 7 janvier 2015 pour l’élection d’un président, lancée hier par Nabih Berry, subira le sort de toutes les autres qui l’ont précédée. Elle sera boycottée par les députés du Courant patriotique libre et du Hezbollah, et ne servira à rien.
Sur ce plan donc, l’année s’achève tristement, comme le prouve la réunion orpheline, sans président, des fonctionnaires du palais de Baabda. Convoqués à titre exceptionnel par le directeur général de la présidence, pour la traditionnelle cérémonie d’échange de vœux, les fonctionnaires ont fait écho à la déclaration au Grand Sérail du Premier ministre, qui a déploré « l’anomalie » de l’absence d’un président de la République depuis le mois de mai dernier, et ses conséquences sur le fonctionnement des institutions.
Mais s’il n’y a rien à espérer pour le pourvoi à ce poste du dialogue bancal entre les deux grands courants musulmans, ainsi qu’entre leurs alliés chrétiens respectifs, il n’en va pas de même sur le plan militaire, où l’armée semble agir en force, et multiplie les coups de filet et les arrestations heureuses.
Contestées par une poignée d’habitants, les mesures restrictives imposées hier par la troupe au déplacement des habitants de Ersal en direction des carrières situées dans le jurd de cette ville, ont reçu l’appui sans réserve du courant du Futur. C’est à partir de Dar el-Fatwa et par la voix du député orthodoxe Atef Majdalani que ce courant a choisi hier de l’exprimer. L’accord, dont on se félicite au sein du haut commandement militaire, a déjà prouvé son efficacité dans la bataille contre les groupes terroristes à Tripoli, dont les membres sont soit en prison, soit en fuite.
En ce qui concerne l’affaire des militaires pris en otage par les groupes jihadistes en Syrie, les choses en sont au point mort. Poursuivant leur tournée des responsables, les familles de ces otages ont gagné hier à leur cause Sleiman Frangié, qui s’est prononcé pour un échange sans conditions. On se demande donc ce qui retarde encore la mise en application de ce troc ? Sur ce plan, l’incohérence continue de régner, cinq mois après la prise d’otage, sachant que l’échange dépend d’une loi d’amnistie que le Parlement voterait en faveur des terroristes dont la libération est réclamée. À moins que l’État ne détienne de nouveaux atouts dans ce domaine, dont il ne veut pas donner les détails.
Pour meubler le vide, et occuper utilement son temps, le ministre de la Santé a déclenché une campagne en faveur de l’hygiène alimentaire dont on ne peut que se féliciter, s’il n’y avait pas sur ce plan des outrances caricaturales et beaucoup d’amateurisme. Dans ce domaine, en effet, il faut craindre que Waël Bou Faour ne soit en train de jeter le bébé avec l’eau du bain, en freinant la consommation de tout genre de produits, y compris de ceux qui sont irréprochables…
Restent des échéances sociales et écologiques proches, comme celles des contractuels de l’Éducation nationale et du dépotoir de Naamé… Mais là, ce sont de vieux refrains qui risquent fort de rebondir au visage des Libanais et de compliquer encore plus leur quotidien, dès la fin de ce qui leur reste de « fêtes ».