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Le Liban serait-il entré lui aussi dans un processus de « désescalade » ?

 

LA SITUATION

Fady NOUN 

 

Avec le retrait du Hezbollah des positions qu’il occupait de part et d’autre de la frontière orientale libano-syrienne, qui court de Masnaa à Ras Baalbeck, y compris de celles qu’il occupait à l’avant ou à l’arrière des positions de l’armée, en territoire libanais, s’ouvre une nouvelle page de la crise régionale et de son impact sur le Liban. Une phase de « désescalade », pour reprendre la terminologie russe. Ce que la troupe fera des positions du Hezbollah reste du ressort exclusif d’un commandement militaire, qui évoque une complémentarité objective ponctuelle entre les opérations de l’armée et celles du Hezbollah, sans véritable coordination au niveau des commandements.
Une chose est sûre : ce qui a conduit le Hezbollah à considérer que son devoir était « accompli » et à se donner le beau rôle, c’est que les milices jihadistes de l’État islamique et d’al-Nosra, qui occupent les jurd libanais de Ersal et son vis-à-vis de Qalamoun, en Syrie, sont pratiquement encerclées, prises entre les deux feux des réguliers syriens et de l’armée libanaise. Certes, elles continuent d’avoir une capacité de nuisance, mais elles ont cessé d’être des menaces offensives pour les populations civiles libanaises.
Ce que ce développement militaire signifie aussi, c’est la possibilité pour quelque 116 000 réfugiés des camps de Ersal et de Wadi Houmayed (jurd de Ersal) de rentrer en Syrie, surtout si les milices acceptent l’offre d’être transférées vers le Nord syrien. Cette possibilité a fait pousser des soupirs de soulagement à Ersal, encore que la possibilité de rentrer chez eux ne sourit pas nécessairement à ceux qui ont des enfants scolarisés ou qui ont ouvert boutique au Liban.
En ce qui concerne une possible coordination entre les autorités libanaises et syriennes dans l’organisation de ces retours, les avis sont nettement partagés. À ceux qui n’y voient pas d’inconvénient s’opposent ceux qui pensent, comme le député et ministre Mouïn Merhebi (Futur), que c’est à l’ONU d’organiser leur transfert progressif, ou encore « à ceux qui sont entrés en Syrie et les ont poussés à l’exode », entendre le Hezbollah.
Pour en venir à la guerre psychologique dont le Hezbollah a été victime hier, une rapide enquête menée par Ogero pour identifier les commanditaires des messages hostiles parvenus sur les portables de membres du parti chiite à partir de numéros locaux amis, on affirmait hier, selon la LBC, que ces appels provenaient de l’étranger et que leur commanditaire serait Israël. Les moyens technique utilisés pour passer par des numéros locaux, eux, n’ont pas été clairement définis.
Enfin, au regard de la guerre économique menée au Hezbollah et à ses alliés locaux, notre correspondant diplomatique Khalil Fleyhane a précisé hier que, parallèlement à la délégation économique qui se rend à Washington, une délégation parlementaire conduite par le député Yassine Jaber (Amal) et comprenant le député Mohammad Kabbani (Futur), l’ambassadeur Antoine Chédid, en sa qualité de conseiller de l’Association des banques, et Ali Hamdan, conseiller à l’information de Nabih Berry, prend l’avion mardi prochain pour Washington. Dans la capitale fédérale, ses membres doivent rencontrer des responsables du Congrès, notamment le président de la commission des Relations extérieures, Ed Royce, et le sénateur Mario Rubin, ainsi que les dirigeants du FMI et de la Banque mondiale. Objectif, empêcher les États-Unis de resserrer les vis davantage pour asphyxier financièrement le Hezbollah. Bonne chance !
Pendant ce temps, les projets de nouvelle loi électorale, eux, continent de mijoter à feu doux sur les fourneaux des uns et des autres… Le ministre de la Santé publique, Ghassan Hasbani (FL), qui a effectué une tournée à Zahlé, hier, a annoncé aux parlementaires qu’il a rencontrés au domicile du député Tony Bou Khater « que les choses avancent dans un esprit d’ouverture ». « Nous aurons une loi électorale avant la fin du délai constitutionnel », a-t-il souligné, entendu que ce délai expire le 19 juin à minuit, et que l’ouverture d’une session extraordinaire de la Chambre est certaine, à une condition : que la Chambre n’en profite pas pour proroger son mandat…