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Le principe de la proportionnelle acquis, reste le decoupage

Yara ABI AKL 

Après une longue léthargie, les contacts politiques se sont intensifiés hier pour trouver un accord sur une nouvelle loi électorale.
C’est dans ce cadre que s’inscrit la rencontre, au palais de Baabda, entre le chef de l’État Michel Aoun et le Premier ministre Saad Hariri. À l’issue de l’entretien, M. Hariri s’est montré optimiste : « Nous œuvrerons dans les prochains jours pour atteindre notre objectif (conclure une entente autour d’une nouvelle loi électorale) », a-t-il dit, faisant état d’un « consensus autour de 95 % des questions ». « Si mon cabinet ne parvient pas à mettre sur pied une nouvelle formule électorale, je considérerais qu’il a échoué », a averti le Premier ministre, avant de poursuivre, à l’adresse des protagonistes du dossier : « Adoptez le projet que vous voulez et je suis prêt à prendre part aux élections. »
Plus tard dans la journée, la commission ad hoc chargée de plancher sur la question de la loi électorale a tenu sa deuxième réunion, sous la présidence de Saad Hariri. Réactivé lors de la séance gouvernementale de jeudi dernier, ce comité formé par les ministres Gebran Bassil, Ali Hassan Khalil, Ayman Choucair, Hussein Hajj Hassan, Pierre Bou Assi, Youssef Fenianos et Avédis Guidanian a passé en revue les contacts menés actuellement en vue de l’adoption d’un nouveau code électoral.
Des sources proches des participants à la réunion d’hier ont fait savoir à L’Orient-Le Jour que les discussions n’ont porté sur aucune formule bien déterminée, mais ont plutôt consisté en un examen des appréhensions de certaines composantes du paysage politique. Dans les mêmes milieux, on a indiqué que M. Hariri a réitéré sa détermination à faire adopter un nouveau texte, exhortant les différentes composantes gouvernementales à s’acquitter de leurs responsabilités dans ce domaine.
Dans certains milieux politiques, on signalait hier que cette réunion devait se tenir au siège du ministère des Affaires étrangères, mais que c’est à la demande des proches du président de la Chambre, Nabih Berry, qu’elle s’est déroulée au Grand Sérail. Peu avant cette réunion, une autre rencontre avait eu lieu au ministère des Finances. L’occasion pour Ali Hassan Khalil, le vice-président des FL, Georges Adwan, et le directeur du cabinet du Premier ministre, Nader Hariri, de dresser le bilan des tractations en vue d’une nouvelle mouture électorale.

La proportionnelle…
Des sources bien informées ont indiqué, dans ce cadre, à L’OLJ que, lors de la rencontre, les participants ont principalement discuté de la toute dernière formule présentée par Nabih Berry, prévoyant l’application de la proportionnelle au niveau de six ou dix circonscriptions, avec la mise en place d’un Sénat regroupant les familles spirituelles. Selon les mêmes sources, la mise en application de ce projet serait « un saut qualitatif » dans la vie politique.
Si le bloc aouniste a réitéré hier, par la bouche du député Ibrahim Kanaan, son soutien à la formule prévoyant la proportionnelle avec la préqualification (présentée par Gebran Bassil), les sources proches des participants à la réunion d’hier ont fait état d’efforts menés actuellement en vue de convaincre le courant aouniste de soutenir la proportionnelle telle que prévue dans le projet du président de la Chambre.
En dépit de ce tableau, et à l’heure où Michel Aoun poursuit son forcing en faveur d’un texte qui « assurerait les droits de tous », les formations politiques semblent optimistes quant à un dénouement heureux dans ce domaine. C’est le cas, notamment, des FL. Un proche de Samir Geagea a déclaré sans détour qu’« au vu des choix de plus en plus limités, les divers protagonistes sont de plus en plus convaincus de la nécessité d’adopter une nouvelle loi ». À L’OLJ, ce cadre a souligné que le principe de la proportionnelle était désormais « acquis ». Selon lui, les débats portent actuellement sur les modalités de création du Sénat.
Cet optimisme se fait également sentir chez les joumblattistes. D’autant que Ghazi Aridi, député de Beyrouth, a assuré dans une déclaration radiodiffusée que « l’entente sur une nouvelle loi est entrée dans sa toute dernière phase ». Rappelant que des « composantes essentielles » du pays se sont prononcées en faveur de la proportionnelle, il a estimé que « si les intentions sont bonnes, une formule axée sur ce mode de scrutin avec des circonscriptions moyennes pourrait voir le jour ».
À son tour, un observateur politique interrogé par L’OLJ a estimé que la proportionnelle bénéficiait de l’aval de l’écrasante majorité des formations politiques, sachant que le dernier nœud qui reste à défaire réside au niveau du découpage.