IMLebanon

Le réveil des planqués

Comme il est touchant de les voir réunis autour du pognon ! Dans cette République pour rire, qui finira par tomber d’elle-même comme une poire blette, la praxis dite démocratique reste sur une ligne immuable : on s’en met plein la gueule jusqu’à arriver à l’extrême limite du fil du rasoir qui surplombe le gouffre; et là, lorsque les Libanais ont un pied bien suspendu au-dessus du néant et l’autre bien posé sur une peau de banane, les comparses de la politique se rabibochent vite fait, bien fait avant de torcher une solution bâclée tout juste bonne à maintenir leurs ouailles sous respiration artificielle. Tenez, reniflez, ceci est mon sac poubelle…
Mais il n’y a pas que les chefs ! La valetaille des partisans suit aussi la même chorégraphie. Adepte forcené de la brosse à reluire, du goupillon et du paillasson, l’apôtre enragé est devenu une race endémique. Où qu’il soit, quoi qu’il fasse, assis dans un salon ou labourant son champ, un délicieux effet de mimétisme s’installe entre lui et son demi-dieu : quand le Chef parle, c’est lui qui entre en transe ; quand le Chef lâche une flatulence, c’est lui qui pue.
Ce qui pourrait sans doute expliquer aujourd’hui les excès de tendresse qui se sont emparés des fan clubs respectifs du Tondu de Maarab et de l’Agrume de Rabieh, qui soudain s’entendent comme larrons en foire après s’être traités des années durant de baltringues et de vendus. Pourtant, il faut reconnaître qu’il est très dur pour l’idolâtre de voir son Maître retourner son caleçon. Surtout lorsque qu’après des décennies d’invectives, on le voit, lui et son rival, se claquer la bise et se peloter devant les caméras. Pourquoi faire léger quand on peut faire gros ?
Mais comme d’habitude en pareille circonstance, y en a toujours un qui n’est pas content. Alors, il l’exprime bruyamment en rameutant sa claque. Pour l’heure, le Gemayel nouveau est tout seul. Mais patience, il finira bien par se trouver d’autres disciples toujours prompts à touiller la ménagerie… jusqu’au retour à la case départ.
Le Liban est un éternel recommencement…