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Le soutien de Geagea à Aoun, un pas de plus vers un président consensuel ?

 

« L’élection présidentielle est au congélateur en attendant les développements extérieurs, notamment le règlement de la crise syrienne. » Tels sont les propos du président de la Chambre, Nabih Berry. M. Berry avait auparavant dit, après la signature de l’accord sur le nucléaire iranien, que le règlement de la crise libanaise n’aurait pas lieu avant celui de la crise yéménite. Selon des sources du 8 Mars, « il n’y aura pas d’élection avant que l’accord sur le règlement de la crise syrienne ne soit clair, ainsi que le sort du président Bachar el-Assad ». Partant, c’est à l’Iran qu’il revient de « libérer » le dossier de la présidentielle, et le début d’application de l’accord sur le nucléaire devrait créer le climat positif au plan régional qui devrait contribuer à l’élection du président. Le changement du nom des candidats à la présidence ne poussera pas le Hezbollah à se rendre à la Chambre, dans la mesure où la décision du Hezbollah reste fortement influencée par la guerre en Syrie. L’Iran perçoit le dossier libanais par la lucarne du conflit syrien, dans la mesure où le président de la République libanaise, même s’il est membre du 8 Mars, ne saurait assurer les intérêts iraniens. Seul le maintien d’Assad au pouvoir le peut, permettant à Téhéran de diriger le jeu au Liban.

Concernant l’éventuelle participation du Hezbollah aux séances électorales après la candidature du leader des Marada, le député Sleiman Frangié, sur base de l’initiative Hariri, une source du parti chiite affirme que « la participation aux séances dépend des concertations avec les alliés, à commencer par Nabih Berry, pour unifier les positions ». Les milieux du 14 Mars estiment, pour leur part, que la participation du Hezbollah aux séances est liée strictement au timing iranien, même si le président des Forces libanaises, Samir Geagea, a déclaré son soutien à la candidature du bloc du Changement et de la Réforme, le général Michel Aoun, et Saad Hariri à Sleiman Frangié. Le Hezbollah considère que, pour lui, de toute façon, il s’agit d’un win-win situation puisque la double candidature des deux pôles maronites chrétiens du 8 Mars par les deux principales forces du 14 Mars constitue un gain fabuleux qui ne saurait être dilapidé et que le parti chiite va chercher à capitaliser. Et la victoire n’est pas tant dans la personnalité des deux candidats, que dans ce que chacun d’eux peut lui apporter comme acquis au niveau du pouvoir. Il reste que le Hezbollah n’a toujours pas décidé d’affranchir la présidentielle des ténèbres dans lesquelles elle se trouve. L’échéance est désormais prisonnière du bras de fer que se livrent les réformateurs et les conservateurs en Iran.

 

La candidature de Michel Aoun par Samir Geagea permettra-t-elle au premier d’être élu ? La démarche de M. Geagea poussera-t-elle le parti chiite à participer aux séances électorales ? Quelle est l’attitude des composantes du 8 Mars vis-à-vis du maintien de la candidature de M. Frangié après le soutien apporté par le leader FL à son rival ancestral, le général Aoun – malgré le fait que le leader des Marada a déjoué les pronostics des partisans aounistes, qui s’attendaient à ce qu’il retire sa candidature en cas de soutien de M. Geagea à M. Aoun ? La position de M. Geagea oblige-t-elle l’ensemble du 14 Mars à le suivre, quand bien même aucune personnalité de la coalition souverainiste n’a été invitée à Meerab pour l’intronisation du général en tant que candidat FL ?

La candidature par Samir Geagea de Michel Aoun chercherait en fait à coincer le Hezbollah, pour le pousser à dévoiler sa véritable position à l’égard de l’échéance présidentielle. Ce faisant, M. Geagea cherche à atteindre plusieurs objectifs : révéler le vrai jeu du Hezbollah et son attitude réelle vis-à-vis de M. Aoun, d’autant que ce dernier a désormais des engagements à respecter, maintenant qu’il est le candidat officiel des FL. Le Hezbollah peut-il s’accommoder des accords conclus entre les deux hommes, dont l’alliance se place sous le signe du renforcement des droits des chrétiens au sein du système confessionnel après des années de marginalisation ? Il est certain que cette alliance glanera une grande popularité en milieu chrétien, plaçant Samir Geagea dans une dynamique montante à l’heure où l’étoile de Michel Aoun commence à pâlir.

L’alliance entre le parti chiite et le CPL tiendra-t-elle bon face à ce développement ? Le Hezbollah ne veut-il pas Michel Aoun uniquement comme carte de négociations avec Saad Hariri dans le contexte de la guerre régionale sunnito-chiite ? Est-il permis à M. Geagea de percer cette équation ? Des sources FL estiment en fait que le soutien du leader FL à Michel Aoun neutralise la candidature de ce dernier et celle de Sleiman Frangié, de sorte qu’un candidat consensuel soit enfin acceptable. Ces sources soulignent que Michel Aoun ne saurait profiter de ce soutien, qui ne menace pas outre mesure les composantes du 14 Mars, mais qui pourrait, au contraire, aider à débloquer l’échéance présidentielle après les élections attendues en Iran, le 26 février.