L’ÉCLAIRAGE
En dépit des assurances du ministre de l’Intérieur concernant la tenue, dans les délais – avec un retard prévu de deux semaines –, des élections municipales, certaines parties politiques continuent d’exprimer des doutes à ce sujet, pour ce qui est du respect des dates annoncées.
Pourtant, Nouhad Machnouk s’est fermement engagé à plusieurs reprises à respecter ses promesses, ayant mis en branle depuis plusieurs semaines la machine administrative et l’ensemble de la procédure règlementaire requise pour que tout se passe comme planifié. Il a même été jusqu’à dire qu’« il n’y a aucune raison de reporter cette échéance vitale qui concerne en premier et dernier lieu la dynamique du développement local, le redressement et l’alternance au pouvoir en injectant du sang neuf dans les conseils municipaux ».
Entre-temps, les forces politiques se préparent et s’activent. Dans les milieux des Forces libanaises, on évoque des alliances édifiées autour du tandem FL-CPL et des accords, sur pièce, avec les familles tant il est vrai que les élections municipales constituent un enjeu aussi bien familial-local que politique. D’où une coordination étroite entre les machines des deux formations chrétiennes, déterminées à s’engager main dans la main dans cette bataille, que ce soit grâce à des alliances ponctuelles avec des familles locales ou des listes communes exclusives aux deux formations.
Il reste que les contours de la bataille annoncée à Beyrouth sont, à ce jour, flous, et les alliances problématiques, sachant notamment que les Kataëb et les indépendants insistent à maintenir en place l’équation précédente sans aucun changement au niveau de la répartition des quotes-parts.
De l’avis des observateurs du 8 Mars, les résultats des élections municipales auront une résonance particulièrement importante dans la rue chrétienne puisqu’ils vont assurément consolider le leadership du chef du bloc du Changement et de la Réforme, Michel Aoun, surtout après son alliance avec les FL. Un atout que le CPL pourra utiliser pour pousser le partenaire musulman à reconnaître cet état de fait et admettre une fois pour toutes la popularité de M. Aoun.
Ce dernier ne manquera d’ailleurs pas d’utiliser cette carte à l’avenir pour conforter le tandem chrétien et son emprise sur le terrain. Une telle réalisation permettra également au général Aoun de répondre indirectement à tous ceux qui avaient estimé que sa notoriété est artificiellement amplifiée et qu’elle ne correspond pas à la réalité sur le terrain.
De l’avis d’un député du 14 Mars, les résultats présumés positifs en faveur du tandem FL-CPL motiveront un ultime appel pour la tenue des élections parlementaires, d’autant que si les municipalités devaient se dérouler sans incident, les élections parlementaires pourraient suivre normalement dans un climat sécuritaire tout aussi favorable, et ce même si elles devraient avoir lieu sur la base de la loi électorale de 1960.
Une telle possibilité viendra alors conforter la position de principe du CPL qui n’a cessé de marteler la question de la priorité des élections parlementaires sur celle de la présidentielle, M. Aoun ayant toujours refusé l’idée d’un nouveau président qui serait élu par un Parlement qu’il considère illégitime et surtout non représentatif du poids des chrétiens.
Les milieux politiques proches de Rabieh s’attendent à ce que l’alliance entre le CPL et les FL puisse leur permettre de rafler les élections et de marquer une victoire écrasante dans les localités à forte symbolique, telles que Jezzine, Zahlé et dans le Akkar. D’ailleurs, ce scrutin devra servir, aux yeux du CPL et des FL, de test préalable aux élections parlementaires quand bien même le facteur familial serait prépondérant.
D’ores et déjà, les deux principales formations chrétiennes lorgnent en direction d’une consolidation de cette alliance à l’avenir, par le biais d’une ouverture vers des personnalités chrétiennes indépendantes, de sorte à mettre fin à la polarisation qui a prévalu pendant longtemps entre les deux camps du 8 et du 14 Mars. Ce plan visant à l’élargissement de la base chrétienne est rendu possible notamment par l’accueil enthousiaste qu’ont réservé l’ensemble des protagonistes chrétiens au rapprochement amorcé entre les deux principaux leaders chrétiens, Michel Aoun et Samir Geagea.
Bref, autant d’enjeux qui ne se répercuteront aucunement sur la bataille présidentielle qui, de l’avis d’un ministre, reste conditionnée par les développements régionaux, principalement en Syrie.