Le Premier ministre démissionnaire Saad Hariri a mis fin hier soir aux rumeurs les plus folles ayant ponctué la journée – notamment son arrestation à Riyad – et qui ont été surtout alimentées par son silence radio, en publiant sur son compte Twitter une photo de lui aux côtés du nouvel ambassadeur d’Arabie saoudite au Liban, Walid ben Mohammad el-Yaacoub, qui venait de prêter serment devant le roi Salmane. Des rumeurs qualifiées de « grotesques » dans son entourage, qui assurait que Saad Hariri a annulé tous ses déplacements professionnels et non pas personnels.
L’incertitude persiste cependant quant à son éventuel retour à Beyrouth où l’on commence d’ores et déjà à se concerter officieusement au sujet du nouveau cabinet, alors que le président Michel Aoun refuse toujours de se prononcer au sujet de la démission tant qu’il n’a pas pris connaissance par Saad Hariri lui-même des raisons qui l’ont poussé à rendre son tablier. À ce propos, des informations font état d’un prochain retour du Premier ministre démissionnaire. De sources proches du courant du Futur, on indique que M. Hariri pourrait regagner la capitale dans les prochaines heures, mais qu’il n’est pas possible de le confirmer pour des raisons de sécurité.
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Entre-temps, apparemment soucieux de préserver la sécurité et la stabilité du pays que la démission haririenne a projeté au cœur du bras de fer saoudo-iranien, le chef de l’État a multiplié hier les contacts politiques et diplomatiques. Michel Aoun s’est notamment entretenu avec le roi Abdallah II de Jordanie et le président égyptien, Abdel Fattah el-Sissi, et doit présider aujourd’hui à Baabda une réunion de sécurité. Le même souci de stabilité a été exprimé par le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, dont le discours a surtout reflété la volonté de la formation chiite de calmer le jeu tant que le tableau de la démission-surprise reste flou. Est-elle motivée par des considérations de sécurité ? Saad Hariri s’est-il retrouvé malgré lui instrumentalisé par l’épreuve de force régionale, à cause de facteurs liés ou non à la purge en cours en Arabie saoudite ? Autant de questions qui se posent et qui ont été relayées par un Hassan Nasrallah, qui, sans attaquer l’Arabie saoudite comme il le fait depuis quelque temps, n’a pas manqué de rappeler indirectement sa puissance militaire sous le couvert d’une mise au point relative à son entretien la veille avec des représentants de la Brigade libanaise pour la lutte contre l’occupation israélienne.
Le bloc parlementaire du Futur, qui a tenu une nouvelle réunion en soirée à la Maison du centre, a mis en garde à ce propos contre les dangers auxquels le Liban est exposé « à cause de la rupture de l’équilibre politique interne et des dangers découlant de la montée de l’implication de l’Iran et du Hezbollah dans les conflits en cours dans la région ».