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Les aléas politico-militaires prolongent l’immobilisme

Fady NOUN

Le raid israélien sur un convoi du Hezbollah au Golan a plongé le pays dans un climat d’expectative. Le Hezbollah a beau clamer qu’il ne réagira pas à partir du Liban, tout le monde semble suspendu sur ce que pourra dire Hassan Nasrallah vendredi prochain 30 janvier à ce sujet. Or, l’on sait que le parti chiite a le devoir de laisser planer le doute sur ses intentions pour combattre les effets psychologiques du coup douloureux qu’il a subi. Le climat d’expectative se double, par ailleurs, d’un climat d’incertitude en ce qui concerne la continuité de la politique saoudienne, à l’ombre d’une possible crise de succession dans le royaume. Tous ces aléas politico-militaires prolongent l’immobilisme.

Maigre compensation après le raid israélien, le parti pro-iranien a obtenu des autres composantes politiques du pays une unanimité de façade contre Israël, sous la forme d’une condamnation de toute agression israélienne contre un pays arabe, indépendamment de tout ce que pouvait planifier l’Iran, aidé par le Hezbollah, dans le Golan syrien et dont le Liban pourrait payer le prix. Pour sa part, Israël s’excuse presque d’avoir lancé ses hélicoptères sur le convoi en affirmant qu’il ignorait qu’un si haut gradé iranien s’y trouvait. Une affirmation que certains mettent au compte de l’hypocrisie. Et pourquoi pas ? On ne prête qu’aux riches.

L’unanimité de façade contre Israël s’est illustrée avant tout en Conseil des ministres. Mais la peur des conséquences du raid israélien a continué à être exploitée à des fins qui pourraient être suspectes. Peut-être pour servir d’écran de fumée à une immense et nouvelle escroquerie qui doit conduire, pour une sordide affaire de sous, à la destruction d’un petit paradis naturel nommé « Janneh », dans la vallée de Nahr Ibrahim.
Car l’affairisme triomphe, et c’en est un exemple éclatant, comme l’est l’affaire du 4e bassin du port de Beyrouth, dans cet interminable « temps mort » de vacance présidentielle dont le pays est las et que l’évêque de Jbeil Mgr Michel Aoun (étrange homonymie) est réduit à demander à Dieu d’écourter depuis Annaya, ayant désespéré des hommes…
On sait d’avance à cet égard le sort final du nouveau rendez-vous, le dix-huitième, que Nabih Berry a donné à la Chambre, mercredi 28 janvier, pour élire un président de la République. Ce n’est pas cela qui empêchera le général Aoun et les députés de son bloc de dormir.

Dialogues parallèles
Pourtant, présidentielle mise à part, les deux dialogues internes parallèles semblent avancer. C’est ainsi que les Forces libanaises ont fait paraître un communiqué hier annonçant que le processus de retrait mutuel de plaintes judiciaires présentées par les Forces libanaises et le courant aouniste « a pris son cours pratique, dans un climat détendu », à l’issue d’une réunion mercredi soir entre Ibrahim Kanaan et Melhem Riachi.
Il en va de même du dialogue entre le courant du Futur et le Hezbollah, auquel les deux formations semblent attachées et dont on attend aussi des fruits concrets à travers la mise en application du plan de sécurité de la Békaa-Nord, où a été enregistré un regain de criminalité. Certes, il se trouve des barons pour demander à l’armée d’y aller en douceur, sous prétexte qu’il n’existe pas de groupes jihadistes dans la région ; mais il se trouve aussi d’autres qui réclament prompte justice et l’arrestation des criminels qui ont abattu de sang-froid un couple de Btedii dans leur fuite échevelée. Si la drogue peut attendre, la paix civile ne le peut pas.