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Les alliances sont finalisées… sauf surprises de dernière minute

Yara ABI AKL

À la veille de l’expiration du délai de dépôt des listes électorales dans la perspective des législatives prévues le 6 mai prochain, le panorama électoral devenait au cours du week-end écoulé de plus en plus clair.

Les regards sont d’abord braqués sur le courant du Futur, dans la mesure où l’électorat sunnite est décisif dans plusieurs circonscriptions. Mais il reste que le Premier ministre, Saad Hariri, devrait faire face seul à ses adversaires, dans certaines circonscriptions considérées comme d’importants fiefs de son parti.

Fort de sa présence massive, le courant du Futur a ainsi décidé de mener bataille seul à Beyrouth II (11 sièges : 6 sunnites, 2 chiites, un druze, un grec-orthodoxe, un protestant), mais aussi à Saïda-Jezzine (cinq sièges : 2 sunnites, 2 maronites et un grec-catholique) et la Békaa-Ouest-Rachaya (six sièges : deux sunnites, un maronite, un grec-orthodoxe, un chiite et un druze). Le parti de Saad Hariri devra surtout affronter presque seul tous ses concurrents ou adversaires de la rue sunnite à Tripoli. Il mènera essentiellement bataille contre l’ancien ministre de la Justice, Achraf Rifi (qui soutient par ailleurs une liste à Beyrouth II), ainsi que l’ancien chef de gouvernement Nagib Mikati, l’ex-député Misbah Ahdab et l’ancien ministre Fayçal Karamé. Seul le député sortant Mohammad Safadi lui a promis son soutien.
La seule constante chez les haririens est évidente : pas d’alliances avec le Hezbollah. Pour le reste, le Futur a effectué de minutieux calculs politiques avant de tisser ses alliances électorales. C’est ainsi qu’il a tendu la main au CPL à Zahlé et à Beyrouth I (Achrafieh-Rmeil-Saïfi-Medawar), où des listes communes ont été formées avec le Tachnag. Ce rapprochement est également de mise, quoique de façon implicite, dans la circonscription du Liban-Nord III (Bécharré-Zghorta-Koura-Batroun). Il englobe aussi le chef du mouvement de l’Indépendance, Michel Moawad.

Saad Hariri a toutefois préféré appuyer la liste formée conjointement par les Forces libanaises et le Parti socialiste progressiste à Baabda et dans la circonscription de Chouf-Aley. Le parti de Samir Geagea bénéficiera aussi de l’appui du Futur au Akkar (7 sièges à pourvoir : 3 sunnites, 2 grecs-orthodoxes, un maronite et un alaouite) et à Baalbeck-Hermel. La liste formée dans cette dernière circonscription devra affronter celle du Hezbollah, dans l’un de ses plus grands fiefs.

 Le CPL contre le Hezbollah
Quant à la formation dirigée par Gebran Bassil, elle a surtout échoué à concrétiser l’accord de Meerab (signé en janvier 2016 avec les FL) par des alliances électorales. Le tandem chrétien se disputera donc les sièges dans plusieurs circonscriptions.

Ainsi, le CPL a formé sa propre liste à Kesrouan-Jbeil et au Akkar. Il a choisi de s’allier au Tachnag et au Parti syrien national social (PSNS) au Metn. Sa liste devrait faire face à celles des FL, des Kataëb et de Michel Murr. Mais de plus, le scrutin du 6 mai témoignera de la toute première confrontation électorale entre les aounistes et leur allié chiite traditionnel, le Hezbollah. Pour la première fois depuis 2000, la formation de Hassan Nasrallah a nommé un candidat pour le siège chiite du caza de Jbeil. En l’occurrence Hussein Zeaïter, originaire de Baalbeck. Un choix auquel Gebran Bassil n’a pas tardé à s’opposer. Les deux partis ont donc formé deux listes distinctes dans cette circonscription (7 maronites et un chiite). Elles brigueront les 8 sièges face à une troisième liste parrainée par les FL et le PNL de Dory Chamoun, une autre qui a résulté de l’alliance entre les Kataëb et les anciens députés Farid Haykal el-Khazen et Farès Souhaid, et le Bloc national, et une cinquième liste regroupant des factions de la société civile.

Cependant, le CPL et le tandem chiite n’ont trouvé d’entente électorale que dans deux circonscriptions, Beyrouth II et Baabda. À Saïda-Jezzine, le CPL s’est finalement joint à la Jamaa islamiya, face à la fois aux haririens et au tandem chiite. À Baalbeck-Hermel, pas d’entente avec le Futur, mais une troisième voie face à l’hégémonie du Hezb.

Les Kataëb et les FL
Pour ce qui est des FL, elles ont réussi à contourner leur querelle avec les Kataëb et leur chef Samy Gemayel pour former des listes communes à Zahlé et à Beyrouth I (avec le ministre d’État à la Planification, Michel Pharaon, et le parti Ramgavar). Mais ils ont surtout créé la surprise en choisissant de se présenter côte à côte dans la circonscription Zghorta-Bécharré-Koura-Batroun. Si Fady Karam, député sortant de Koura (FL), rappelle à L’Orient-Le Jour que son parti et celui de Samy Gemayel convergent sur les principes souverainistes et les choix stratégiques, certains ont vu dans ce rapprochement une rupture avec le discours d’opposant adopté par le chef des Kataëb depuis des mois.

Un observateur politique interrogé par L’OLJ nuance ce constat : Samy Gemayel n’a pas rompu avec sa ligne politique d’opposant. Pour ne pas tomber dans un isolement quasi total, il a simplement mis un peu d’eau dans son vin en s’alliant dans certaines circonscriptions avec le parti qui, tout en étant au gouvernement, garde actuellement un pied dehors en ne manquant pas de critiquer les prestations de ses partenaires au sein du cabinet.