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Les désaccords politiques compromettent l’approbation du budget

Le projet de loi de finances pour 2015 est en bonne voie d’être renvoyé aux calendes grecques, à cause de l’absence de consensus autour de la nouvelle grille des salaires dans le public. Le Comité de coordination syndical a confirmé l’ordre de grève pour demain jeudi.

OLJ

Le Conseil des ministres tiendra jeudi 30 avril une troisième réunion qui sera consacrée à l’examen du projet de budget 2015. Réuni hier sous la présidence de Tammam Salam, il n’a pas réussi à dégager un consensus sur l’inclusion ou non au projet de loi de finances de la nouvelle grille des salaires dans le secteur public.
Les avis restent diamétralement opposés sur ce point, ainsi que sur les sources de financement de la nouvelle échelle des salaires, a expliqué à la presse le ministre de l’Information par intérim, Sejaan Azzi, au terme de la réunion qui a duré trois heures. M. Azzi a pris soin de préciser que le débat s’est déroulé « dans un climat calme, consensuel et positif », alors que de sources ministérielles, on faisait état plutôt d’un « malaise » qui prévalait durant la réunion.
Toujours est-il que l’impression générale, dans les milieux politiques, est que le projet de budget 2015 est en bonne voie d’être enterré et de rejoindre ainsi la pile poussiéreuse des ébauches de lois de finances établies depuis 2006. La cause de cet échec : les blocs parlementaires n’ont pas réussi à s’entendre sur l’une des deux formules proposées par le ministre des Finances, Ali Hassan Khalil, pour l’exercice 2015. La première fait abstraction de la nouvelle échelle des salaires et se limite aux prévisions budgétaires. La deuxième l’inclut, mais sans les recettes correspondantes qui doivent être déterminées au Parlement.
Si Sejaan Azzi a indiqué que le Parlement doit se réunir jeudi 30 pour reprendre l’examen du projet de budget, de sources ministérielles on dit s’attendre à ce que le débat soit décalé d’au moins deux semaines, pour donner aux blocs parlementaires le temps de se concerter afin de s’entendre sur des amendements possibles. Mais l’importance des clivages rend toute solution difficile. Il y a d’un côté, le courant du Futur, Amal, le Hezbollah et les ministres proches de l’ancien président Michel Sleiman, qui sont favorables à l’approbation de la formule prévoyant la nouvelle grille des salaires. De l’autre, le CPL et le PSP sont hostiles à cette formule. Quant au parti Kataëb, il ne conteste pas l’inclusion des chiffres relatifs à la grille des salaires dans le budget, mais il reste franchement hostile à la tenue d’une réunion parlementaire en l’absence d’un président de la République. Si le Parlement peut se réunir pour examiner et approuver le budget de l’État, il peut donc élire un président, insiste-t-on dans ces milieux.

 

Épreuve de force au sein du 8 Mars
Le Courant aouniste a créé la surprise hier en annonçant à son tour qu’il boycottera les réunions parlementaires, sachant que jusqu’à maintenant, il ne boycottait que les réunions qui étaient consacrées à l’élection d’un président. Ses motifs sont cependant loin de rejoindre ceux des Kataëb. Officiellement, c’est pour protester contre le fait que ni la nouvelle loi électorale ni le projet de budget ne sont inscrits à l’ordre du jour de la séance que le président de la Chambre, Nabih Berry, envisage de convoquer prochainement. Officieusement, il faut voir dans sa décision le début d’une épreuve de force avec ses alliés au sein du 8 Mars et l’expression d’un ras-le-bol lié au dossier de la présidentielle. Le général Michel Aoun reproche à ses alliés, notamment au Hezbollah, non seulement une certaine tiédeur au niveau de l’appui qu’il exprime à son élection à la présidence de la République, et qui reste au stade verbal, mais il lui reproche aussi de soutenir une rallonge du mandat du commandant en chef de l’armée, le général Jean Kahwagi.
Résultat : le blocage s’étend à tous les dossiers. Le Comité de coordination syndical a confirmé hier l’ordre de grève pour demain jeudi dans les écoles privées et publiques et dans les administrations publiques pour protester contre l’impasse sur le dossier de la grille des salaires.
La seule avancée a porté sur l’affaire des camionneurs toujours bloqués en Jordanie, en Arabie saoudite et au Koweït du fait de la fermeture d’un passage frontalier entre la Jordanie et la Syrie. Un montant d’un million de dollars va être alloué au Haut Comité de secours afin d’assurer leur rapatriement.