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Les uns s’entre-tuent… les autres écopent !

Une faute stratégique suivie, rapidement, d’une grosse et grave erreur d’appréciation : les lauriers de la victoire brandis l’espace d’un matin se sont vite fanés et le Liban paye aujourd’hui le prix d’un double cafouillage dont le Hezbollah assume l’entière responsabilité.

En décidant souverainement d’intervenir dans les combats en Syrie, en s’enlisant dans une guerre civile à caractère confessionnel et en annonçant prématurément, en contradiction totale avec les réalités du terrain, que sa participation aux affrontements avaient permis d’éradiquer la menace jihadiste et de protéger du même coup le Liban, le parti de Dieu n’a réussi en fait qu’à ouvrir bien larges les portes de l’enfer, celles dans lesquelles s’engouffrent massivement les « fous d’Allah ». Des illuminés pour qui le terrorisme est une arme légitime et qui entendent maintenant étendre sur le sol libanais leur guerre religieuse contre les « hérétiques » qu’ils soient chiites, alaouites ou même sunnites.

Ne l’oublions pas : ces développements interviennent alors que l’islam traverse la crise la plus grave de son existence. Jamais, depuis l’événement de la religion mahométane, la cassure intercommunautaire n’a été aussi profonde, jamais les conséquences du « schisme » n’ont été aussi tragiques et sanglantes, les règlements de comptes et autres « purifications » confessionnelles et ethniques englobant plus d’un pays musulman.

De toute évidence, l’irruption sur la scène libanaise des terroristes de Daech a pour but d’étendre au pays du Cèdre l’effroyable boucherie qui ensanglante la Syrie et l’Irak, et les attentats répétitifs perpétrés par les kamikazes ont pour objectif de provoquer des réactions violentes sur le terrain de nature à envenimer les tensions intercommunautaires, à créer les conditions propices à une guerre civile.

Le pire a pu être évité jusqu’à présent, grâce surtout à la vigilance des services de sécurité et de renseignements libanais, mais les germes du désastre redouté subsistent : le Hezbollah chiite s’obstine à poursuivre sa « mission salvatrice » en Syrie, celle qui pourrait le conduire également en Irak, et les jihadistes sunnites sont plus déterminés que jamais à lui faire « expier ses crimes ».

Pour finir, un constat ubuesque, un clou supplémentaire enfoncé dans le cercueil de la raison : dans le capharnaüm régional, dans le désordre sécuritaire qui désintègre le monde musulman ce sont les moins concernés par les règlements de comptes qui payent le prix le plus lourd : les minorités chrétiennes contraintes de se cacher, de se soumettre au statut de dhimmitude ou de prendre le chemin de l’exil.

Des victimes collatérales qui auraient pu tourner leurs regards vers le Liban, y trouver refuge, une nouvelle raison d’espérer, mais qui n’y découvrent que déraison, irresponsabilité… et des pôles chrétiens englués dans leurs comptes d’apothicaires, asservis à leurs ambitions personnelles.

Des victimes collatérales qui assistent, impuissantes et stupéfaites, à la chute du dernier rempart libanais face à l’avancée fulgurante de la bêtise et de la folie meurtrière…

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P.-S. – Il ne manquait à l’absurdité ambiante que la décision ou la volonté manifeste de certains présidents de municipalités d’interdire aux restaurants, durant le mois de ramadan, de servir les clients avant la rupture du jeûne. Dans la foulée, les habitants des localités concernées sont invités à s’abstenir de manger en public… Une « première », plus que suspecte, qui vise principalement les chrétiens et les laïcs, et qui constitue une atteinte évidente à la liberté de pensée, d’expression et de croyance dans un pays qui se targue encore d’être pluriel.