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L’exportation des ordures, après l’épuisement des plans d’urgence

 

Sandra NOUJEIM |

Le pays est presque à cours de plans d’urgence pour gérer temporairement l’amoncellement des déchets. La Quarantaine, qui devait servir de décharge provisoire aux déchets du Beyrouth administratif, a atteint la limite de sa capacité. Les conséquences, tant sur l’aviation que les voyageurs, de l’usage du terrain qui jouxte la piste d’atterrissage des avions à l’AIB comme décharge pour la banlieue sud ne peuvent plus être ignorées.

Dans le Metn et le Kesrouan, les municipalités qui ont pris à leur charge la collecte des déchets ne peuvent le faire que pour une durée de quelques jours. À Antélias-Naccache, par exemple, la municipalité a choisi deux terrains qui lui appartiennent pour y décharger les ordures qui s’amoncellent sur ses artères principales depuis près de deux semaines. Grâce à des camions loués par la municipalité, et avec la petite assistance de deux camions Sukleen, les déchets ont été ramassés et transportés vers un terrain de 7 000 m2, mais nivelé (ce qui en réduit la capacité), situé près de la carrière d’Antélias. Ni enfouis sous terre ni incinérés, ces déchets sont, pour l’instant, seulement aspergés d’une substance visant à en neutraliser la puanteur. La municipalité est ainsi mise face au défi presque impossible de repérer des terrains supplémentaires, et de trier les déchets déjà amassés. À Dbayé, c’est la route maritime, au niveau de la Marina, qui sert de décharge depuis quelques jours. D’autres décharges sont improvisées, à l’abri des regards, comme sous le pont de Ghazir. Les montagnes d’ordures risquent de se multiplier, surtout que Sukleen retire progressivement ses bennes des rues, comme hier à Fatqa (Kesrouan), Bdadoun et Houmal (Metn-Sud), ou encore d’autres régions du Metn.

Les autorités municipales ont clairement été notifiées qu’elles devaient gérer seules le dossier. « Les responsables nous ont fait savoir qu’ils ne pouvaient rien pour nous et que nous devions nous débrouiller », confie une source municipale à L’OLJ. La solution d’urgence la plus efficace, à l’échelle des localités, sera non plus d’inciter les habitants au tri à la source, mais de les y contraindre. De nombreuses municipalités ont déjà pris contact avec les associations qui collectent les déchets solides en vue de leur recyclage, et invité les habitants à les séparer de leurs déchets organiques, en vue de leur ramassage. Par souci d’efficacité, certaines municipalités menacent de ne pas collecter éventuellement les ordures non triées.

 
À l’échelle du gouvernement, après l’abandon de l’option des carrières désaffectées ou des terrains ruraux déserts (à Wata el-Joz, Raachine…), contestée pour diverses raisons, entre autres environnementales, c’est l’option de l’exportation des déchets qui fait désormais son chemin.
Proposée jeudi en Conseil des ministres par le ministre du Tourisme, Michel Pharaon, relayé par le ministre Alain Hakim, qui a proposé de contacter l’ambassade d’Allemagne à cette fin, cette option a été retenue par le Premier ministre, et des contacts sont en cours pour la mettre en œuvre. « Beyrouth est prise en otage et j’ai demandé avec insistance que la solution de l’exportation soit retenue, ce qui a été fait. Cette option fait actuellement l’objet de discussions sérieuses, limitées pour l’instant à la capitale, dont la municipalité a déjà été contactée », a déclaré M. Pharaon à L’OLJ. « Si le coût de cette alternative s’avère être trop élevé, cela ne devra pas empêcher d’y recourir pour une durée limitée de trois mois », précise-t-il.

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Plusieurs ambassadeurs de pays occidentaux ont été contactés à cette fin, notamment l’ambassadeur de Turquie, Inan Ozyildiz, cité par notre chroniqueur diplomatique Khalil Fleyhane. Le diplomate a révélé que « rien n’a encore été décidé, mais l’offre de la partie libanaise est en cours d’étude. L’offre consiste soit à exporter les déchets directement vers la Turquie, soit à les vendre à des sociétés turques ».
Cette option doit trouver un relai en commission parlementaire de l’Environnement, dont la prochaine réunion est fixée à mercredi.

Entre-temps, « nous tournons dans un cercle vicieux, en nous soignant à l’aspirine », a déclaré le député Mohammad Kabbani.
Ce sentiment d’absurde sera manifeste aujourd’hui. La fête de l’Armée reflétera, comme l’année précédente, l’image du vide institutionnel : il manquera à la cérémonie de baptême de la nouvelle promotion des officiers au siège de l’École militaire, la traditionnelle remise des épées aux officiers par le chef de l’État. Cette compétence présidentielle, qui ne peut être déléguée, prouve, par défaut, que le président de la République a d’abord un rôle régulateur, qui lui vient du symbole qu’il représente. )
Il convient de noter que les ministres du Courant patriotique libre (CPL) et du Hezbollah sont revenus hier sur leur décision de ne pas signer le décret portant sur l’avancement des officiers du grade d’aspirant-chef (grade de soldat) au grade de sous-lieutenant, qui avait été avalisé par tous les autres ministres, la veille.
Le ministre de l’Éducation, Élias Bou Saab, avait en effet déclaré hier à l’agence d’information al-Markaziya que « le décret serait signé par les ministres du CPL, avant demain (aujourd’hui) ». Il s’agit d’un décret ordinaire qui n’exige pas d’être pris en Conseil des ministres, a-t-il expliqué. Le ministre de la Culture, Rony Araiji, avait assuré, pour sa part, que « toutes les parties » signeraient le décret, pour ne pas priver les nouveaux diplômés de l’École militaire de la qualité officielle d’officier.
Une issue avait été néanmoins envisagée, en cas de suspension du décret : celle d’en confier la signature éventuelle au seul ministre de la Défense.

Une issue similaire serait actuellement envisagée pour la prochaine échéance relative aux nominations sécuritaires, qui continue de faire l’objet d’un forcing aouniste : le départ à la retraite, le 7 août prochain, du chef d’état-major. En dépit des spéculations sur un éventuel report du prochain Conseil des ministres mercredi prochain, celui-ci devrait en principe avoir lieu, confie une source ministérielle à L’Orient-Le Jour.
Le scénario envisageable de la réunion serait le suivant : après l’exposé par le ministre de la Défense de la question portant sur la nomination d’un nouveau chef d’état-major, le Premier ministre devrait soumettre cette dernière au vote. L’unanimité (que réclament les ministres aounistes) ne pouvant être obtenue – ni, d’ailleurs, un consensus –, il serait alors décidé de reporter le passage à la retraite du chef d’état-major par une décision du ministre de la Défense. Cette démarche serait motivée par l’impératif de ne pas laisser vacant un poste-clé, ni d’ouvrir la voie à un intérim prolongé. Mais elle risque d’avoir des retombées politiques très dangereuses, reconnaît une source ministérielle du 14 Mars. Des retombées contre lesquelles met en garde le CPL, qui brandit en contrepartie, une fois de plus, la menace d’un éventuel recours à la rue.