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L’humanité, une espèce morte-vivante?

 

De l’expansion sanglante de l’organisation État islamique au conflit israélo-palestinien, en passant par le bombardement de Sanaa, l’actualité nous montre chaque jour la capacité de l’homme à s’autodétruire.

En fin de semaine, des scientifiques de Stanford, Princeton et Berkeley nous ont rappelé qu’il possède des moyens bien plus insidieux de le faire. En minant son écosystème, presque aussi sûrement que les jihadistes à Palmyre.

Dans un article publié par le journal Science Advances, présentant les résultats de leur étude, les experts indiquent que le taux de disparition d’espèces de vertébrés au siècle dernier est 114 fois supérieur à ce qu’il aurait été sans activité humaine. Ce, même en tenant compte des estimations les plus optimistes en matière d’extinction.

Et les experts d’enfoncer le clou : jamais, depuis la dernière extinction de masse, à savoir celle des dinosaures il y a 66 millions d’années, la planète n’avait perdu ses espèces animales à un rythme aussi effréné.

Alors que, selon l’Union internationale pour la conservation de la nature, environ 41 % des espèces d’amphibiens et un quart des espèces de mammifères sont menacées de disparition totale, des experts qualifient déjà certaines espèces de mortes-vivantes et avertissent que la faune est en train de subir sa sixième extinction de masse.

À ceux qui pensent que seules d’obscures espèces animales installées dans les recoins de pays en guerre ou au fin fond d’îles inhospitalières sont menacées, une précision : les humains feront probablement partie des espèces qui seront rayées de la carte, ont prévenu les experts.

Ces derniers font porter la responsabilité de cette situation à l’homme, via la déforestation, le réchauffement climatique, la pollution…

Le pape, dans son encyclique coup de poing publiée la semaine dernière, ne disait pas autre chose en appelant à « sortir de la spirale d’autodestruction dans laquelle nous nous enfonçons ».

Partout, des centres de recherche au Vatican, les voyants sont passés au rouge.

Dans six mois, se tiendra à Paris une conférence internationale sur le climat, le COP21. Son objectif, trouver un accord pour limiter à 2 degrés le réchauffement climatique par rapport à l’ère préindustrielle.

Le COP3 avait accouché du Protocole de Kyoto, une avancée notable face au réchauffement climatique, mais manquant d’objectifs concrets. Le COP 15 de Copenhague n’avait, lui, pas débouché sur de nouveaux engagements quantitatifs.

Dans six mois, à Paris, experts et responsables du monde entier n’auront plus le luxe de tergiverser. Le COP21 est considéré comme le sommet de la dernière chance. Les participants devront faire, au plus haut point, preuve de courage et de responsabilité. Mais pas seulement eux. Car l’enjeu dépasse largement le cadre de cette conférence. C’est notre responsabilité à tous, dès aujourd’hui, qui est engagée.