IMLebanon

Logiciel du vide

Au-delà de la gesticulation fébrile visant à pourvoir d’une nouvelle paire de miches le fauteuil orphelin du château présidentiel, il serait intéressant d’observer le comportement de chacun des vieux briscards du cheptel politique, face à ce vide mental dans lequel ils sont tombés avec délice.
Tel un gastro-entérologue maniant son clystère, Istiz Nabeuh savoure sa puissance aspirante en vidant méthodiquement de tout rôle institutionnel son moignon de Parlement autoprorogé. On a beau lui bassiner qu’il faut élire en priorité un nouveau chef de l’État, le tenancier de la Chambre insiste à gaver de leur grille des salaires les milliers de fonctionnaires feignasses qu’il a casés dans la mangeoire de l’administration publique, que lui et ses partisans ont transformée en agence pour l’emploi. Y’a bon pognon, miam, miam !
Orangina, lui, plane carrément dans les vapes. Depuis qu’il a fait une rechute de démangeaisons présidentielles, il a cessé de parler de lui à la troisième personne du singulier. Même le Barbichu, à qui il a distribué pendant près de 10 ans des gamelles dans les grandes largeurs, et qu’il a invariablement traité de baltringue et de pourri, trouve aujourd’hui grâce à ses yeux. Quand on veut, on peut. Mais parfois, quand on ne veut pas on doit quand même.
Quant au patron des Fleus, il continue de promener sa tonsure entre Maarab et Paris, question de s’assurer que l’hybride libano-saoudien du Futur ne lui fera pas un enfant dans le dos en se pacsant avec l’Agrume de Rabieh. Il veut bien que la chair exulte, mais pas à ses dépens.
Finalement, y a que le Sayyed Barbu qui n’a rien à brouter de la présidentielle. Occupé à compter et recompter ses missiles, il a quand même trouvé le temps de lancer ses spadassins à l’assaut des électeurs syriens, harponnés par le fond du caleçon jusqu’à leur ambassade pour bêler à l’unisson et tresser des lauriers à la gloire du Tyranneau de Damas.
Présidentielle ratée au Liban, présidentielle sous les bombes et au forceps en Syrie, présidentielle à coups de trique en Égypte… Dieu merci, le logiciel arabe reste incompatible avec la démocratie.