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Aoun a « brisé la glace » avec Riyad

 

Yara ABI AKL

Le président de la République, Michel Aoun, est rentré hier à Beyrouth après avoir effectué une tournée en Arabie saoudite et au Qatar.
Outre le fait qu’il s’agit du premier voyage de M. Aoun depuis son accession à la tête de l’État, le 31 octobre dernier, cette visite revêt une importance capitale dans la mesure où elle intervient près d’un an après la crise qui a gravement perturbé les rapports entre le Liban et le royaume wahhabite pour des raisons liées au positionnement du Liban par rapport aux conflits régionaux.
Des sources politiques bien informées ont indiqué à ce sujet à L’Orient-Le Jour que selon un responsable saoudien, la visite de Michel Aoun a contribué au rapprochement entre Beyrouth et Riyad. Pour ce responsable, le président de la République a « rétabli la confiance saoudienne dans le Liban » et « brisé la glace » qui gênait les rapports entre les deux pays.
Dans les mêmes milieux, on fait valoir que la visite de M. Aoun dans le Golfe, en particulier en Arabie saoudite, avait pour but de clarifier la position du Liban par rapport au reste des États arabes. « Le président de la République a profité de son tout premier voyage pour affirmer aux dirigeants qu’il a rencontrés que le Liban est déterminé à s’ouvrir en direction de ses frères arabes, dans la mesure où il fait partie intégrante de l’entité arabe », indique une source politique avant de poursuivre : « Michel Aoun a expliqué aussi à ses hôtes qu’en dépit des retombées des conflits régionaux sur le Liban, celui-ci n’a jamais pris part à la politique des axes opposant un camp à un autre. »
Des sources bien informées interrogées par L’OLJ ont en outre fait état d’une « prochaine coordination et coopération » entre Beyrouth et Riyad au niveau des dossiers évoqués entre les ministres libanais et leurs homologues saoudiens, le roi Salmane ayant demandé à ses ministres de suivre les points soulevés lors des rencontres avec les responsables libanais.
En vertu de cette logique, et toujours selon les mêmes sources, le chef de l’État se serait rendu en Arabie pour lancer un grand chantier de redynamisation des relations bilatérales dans différents domaines. Les sources précitées ne manquent toutefois pas de noter que cela suppose un suivi qui exige des visites des responsables des deux pays. On fait savoir dans ce cadre que le Premier ministre, Saad Hariri, pourrait se rendre en Arabie prochainement. Et le ministre saoudien des Affaires étrangères, Adel al-Jubeir, pourrait venir à Beyrouth fin janvier ou début février.
C’est dans ce cadre teinté d’optimisme qu’il conviendrait de placer le bilan qu’a dressé le ministre de l’Information, Melhem Riachi, du tout premier voyage présidentiel : « La visite était excellente aussi bien au niveau de la forme que du fond, notamment les dossiers militaires et économiques », a-t-il dit hier dans une déclaration à l’Agence nationale d’information (ANI, officielle). « Nous avons définitivement tourné la page des malentendus avec les pays du Golfe », a souligné M. Riachi, assurant que « les rapports ont repris leur cours normal ». Selon le ministre, « la visite a atteint tous ses buts ».

Le don à l’armée « sur la bonne voie »
Si Michel Aoun semble vouloir entamer son mandat avec de bonnes relations libano-arabes, nombreux sont ceux qui espéraient que le chef de l’État puisse convaincre ses interlocuteurs de la levée du gel imposé depuis un an au don du royaume en faveur des forces armées libanaises.
À ce sujet, des proches du chef de l’État précisent à L’OLJ que le dossier, bien qu’accessoirement évoqué lors des discussions avec les dirigeants du royaume, est « désormais sur la voie » d’un règlement. Cela serait principalement lié aux nouvelles nominations au niveau des postes-clés des services de sécurité, notamment le commandement en chef de l’armée. Les Saoudiens ont besoin d’une équipe sécuritaire à même de les tranquilliser et de susciter leur confiance », souligne-t-on.