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Encore une semaine qui s’ouvre sur fond de blocage du pouvoir exécutif

 

Lélia Mezher

Hier soir, aucune notification n’avait émané des services du Grand Sérail concernant la tenue d’une éventuelle réunion du Conseil des ministres cette semaine. Contacté par L’Orient-Le Jour, le ministre des Affaires sociales (AS) Rachid Derbas a confié « ne pas vouloir encourager le Premier ministre Tammam Salam à convoquer les ministres » car il est, selon lui, « inutile de se réunir une nouvelle fois si c’est pour écouter les uns et les autres déblatérer durant de longues heures sans jamais parvenir à un résultat tangible ». De source proche du Grand Sérail, on note toutefois que le Premier ministre semble vouloir profiter de ce temps mort pour intensifier ses consultations avec les différentes composantes du gouvernement afin de parvenir à un accord pour un déblocage durable de l’action du Conseil des ministres.

La semaine se déroulera donc sans prise de décision majeure et urgente concernant notamment trois dossiers : la crise des déchets ; les dons et subventions qu’il faut entériner pour qu’ils puissent être utilisés par l’État libanais ; et enfin la demande du ministère des Finances de débloquer urgemment des fonds afin de pouvoir verser les salaires de certains fonctionnaires le mois prochain.
 
Mais le député Alain Aoun, membre du bloc de la Réforme et du Changement, démonte quant à lui point par point ce raisonnement. D’abord, il indique que la question des déchets n’est « nullement tributaire d’une décision ministérielle puisqu’il y a un comité interministériel ad hoc qui a été mis en place pour régler la question et que les ministres qui y siègent ne sont pas parvenus à l’heure qu’il est à tomber d’accord sur une quelconque manière de résoudre ce dossier ». Il explique que pour son bloc, la décision du « blocage » est prise et que « le bras de fer est lancé car il s’agit de faire pression pour déclencher des négociations sur les points qui intéressent les chrétiens ». « Il ne s’agit plus de céder au chantage », affirme-t-il.

Interrogé d’autre part sur la question des subventions et des salaires qui ne seront pas payés le mois prochain, il indique à L’Orient-Le Jour que « tout est prioritaire », il n’y a pas un dossier plus important qu’un autre. « Il est temps d’aller dans le vif du sujet, ajoute-t-il. Nous remarquons que tout devient impossible lorsqu’il s’agit de satisfaire des demandes chrétiennes », dit-il également.

Du côté du Premier ministre, une source informée souligne que Tammam Salam est « parfaitement conscient qu’il est impossible de passer outre les composantes essentielles du gouvernement » et qu’il n’est donc pas favorable du tout à la tenue d’un Conseil des ministres alors que l’atmosphère négative de la semaine dernière ne s’est toujours pas dissipée. S’agit-il de la paralysie ministérielle la plus grave en temps de paix ? Certaines sources ministérielles acquièscent et affirment que le pays se rapproche d’un triste record, à l’aune de la vacance présidentielle, de la paralysie ministérielle actuelle et du blocage parlementaire.
Précisément, à propos de l’action parlementaire et de l’ouverture possible d’une session extraordinaire, le ministre des AS, Rachid Derbas, retient « l’encouragement formulé en ce sens, vendredi dernier, par le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah ». Mais de nombreux députés rechignent encore à signer ce décret par principe et parce qu’ils estiment qu’en temps de vacance présidentielle, la mission unique et ultime du Parlement est de s’atteler à l’élection d’un président de la République.

Par ailleurs, et concernant le développement sécuritaire phare du week-end, à savoir l’arrestation du prédicateur islamiste Ahmad al-Assir, certains observateurs croient savoir que cet évènement « souligne la fin du rôle qatari au Liban, puisque Doha était le principal soutien et bailleur de fonds d’al-Assir ». Ils notent également qu’aucun soulèvement populaire ni même aucune protestation n’a fusé à l’annonce de son arrestation, preuve s’il en est qu’il ne représente, en fait, pas grand- monde au sein de la communauté sunnite.

Pour l’heure donc, et mis à part ce coup de filet sécuritaire important, la vie du citoyen ordinaire ne va guère aller en s’améliorant puisqu’aucune décision ne va être prise pour retirer des voies publiques les déchets ménagers. Car même si les plis des appels d’offres devraient être décachetés cette semaine, les compagnies qui seront chargées du nettoyage ne pourront être opérationnelles avant plusieurs mois. Entre- temps, le comité interministériel se doit de se mettre d’accord sur le déblocage de fonds alloués aux municipalités pour la gestion temporaire des déchets, et après cela, un décret devra être pris en Conseil des ministres. Des étapes qui, dans la conjoncture gouvernementale actuelle, semblent totalement infranchissables.