Un civil palestinien a été tué et quatre blessés hier, lors d’affrontements entre Fateh et mouvements islamistes dans le camp de réfugiés palestiniens de Aïn el-Héloué, a indiqué une source médicale à l’AFP. « Un civil de 23 ans a été tué dans les combats, a indiqué à l’AFP une source à l’hôpital Rahi de Saïda. Nous avons également traité quatre personnes, dont un enfant touché par une balle perdue et dont l’état est critique. »
Les combats ont pris une nouvelle ampleur après une nuit particulièrement tendue. Et ce, malgré un nouvel accord de cessez-le-feu, annoncé dans l’après-midi depuis l’ambassade de Palestine, à l’issue d’une réunion élargie du Fateh et de mouvements islamistes. Cet accord était pourtant accompagné d’une promesse de créer une commission sécuritaire supérieure et de réactiver la force conjointe palestinienne de sécurité. Mais au lieu de cela, c’est à coup d’obus Energa et de tirs d’armes automatiques que se sont affrontés les belligérants sur plusieurs fronts, alors que sévissaient les francs-tireurs, en direction de la rue Fouqani notamment.
Selon l’agence al-Markaziya, les combats ont opposé le Fateh, posté dans le secteur Barksat, aux islamistes de Isbat el-Ansar, postés à Safsaf, aux islamistes radicaux dirigés par Bilal Badr, positionnés à Tiré, aux partisans du général Mahmoud Issa, mieux connu sous le nom de Lino, installés dans la région des abattoirs (Maslakh), et aux Brigades des martyrs de Chatila, postés à Jabal Halib. Les tirs ont même débordé pour atteindre les quartiers voisins à Saïda, notamment la région de Sinik ou la rue de Hasbé, provoquant la panique des habitants, un incendie à proximité de la mosquée al-Farouk et des embouteillages monstres dans le secteur, vu que l’accès à certaines routes impraticables était interdit par les forces de l’ordre.
Cette escalade a poussé de nombreux habitants à l’exode et les éléments armés à prendre le contrôle des ruelles du camp. Pour la seconde journée consécutive, les écoles et les commerces de Aïn el-Héloué ont fermé leurs portes, à l’instar de certains établissements situés dans les parages du camp. Les institutions de l’Unrwa, elles, ont interrompu les services à la population.
Appels au calme
Malgré les appels des notables de Saïda aux différentes parties impliquées dans le conflit pour mettre un terme aux affrontements, des tirs sporadiques étaient toujours entendus en début de soirée. Ce qui a poussé les personnalités religieuses, politiques, économiques et sociales, réunies à la municipalité de Saïda pour une rencontre consultative à l’invitation de la députée Bahia Hariri, à annoncer une journée de « grève générale aujourd’hui en guise de soutien à la cause palestinienne et de protestation contre les affrontements interpalestiniens ».
Condamnant « les affrontements qui ont fait des victimes civiles et visé des quartiers résidentiels de Saïda », le président de la municipalité de Saïda, Mohammad Saoudi, a mis en garde contre « les répercussions catastrophiques » pour la ville de Saïda et pour Aïn el-Héloué d’une telle détérioration sécuritaire. Même appel du Rassemblement des ulémas musulmans, qui a condamné les affrontements et lancé un appel pour « l’arrêt total des hostilités ».
Mais selon al-Markaziya, « une opération chirurgicale » d’envergure de la part du Fateh n’est pas à exclure. Elle viserait à écarter de la scène les groupuscules islamistes radicaux qui ont pignon sur rue à Aïn el-Héloué, et qui tiennent tête au Fateh, à savoir des partisans de Jund el-Cham, de Fateh el-Islam et de Abdallah Azzam, dirigés par Haïtham Chaabi, Oussama Chehabi et Bilal Badr. Partant du principe que ces groupuscules radicaux sont une « bombe à retardement », le président palestinien, Mahmoud Abbas, aurait même « donné son feu vert », lors de sa visite au Liban la semaine dernière, « pour mettre fin à cette situation anormale au sein du camp ».
Les combats ont éclaté le 23 février après le retrait du Fateh d’un comité conjoint chargé de la sécurité à Aïn al-Heloué.