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Hariri au Liban-Sud : « Aucun pouvoir n’est au-dessus de l’État »

 

Au lendemain de la tournée organisée pour des journalistes locaux par le Hezbollah dans la zone frontalière libano-israélienne, c’était au tour, hier, du Premier ministre Saad Hariri d’effectuer une tournée au Liban-Sud, en compagnie du ministre de la Défense Yaacoub Sarraf et du commandant en chef de l’armée, le général Joseph Aoun. « Le gouvernement n’est pas concerné par la tournée effectuée jeudi par le Hezbollah dans la zone frontalière libano-israélienne, et il ne l’accepte pas », a déclaré M. Hariri au sujet de l’initiative du Hezbollah qui a suscité de vives réactions.
À ce sujet, le chef des Kataëb Samy Gemayel a affirmé que « le cabinet ne respecte pas ses engagements, notamment en matière de respect des résolutions internationales, dont la 1701 ». Selon le député du Metn, « la tournée (organisée par le Hezbollah, NDLR) dans une zone où s’applique la 1701 est une atteinte au prestige de l’État et à sa souveraineté, et constitue une nouvelle menace pour les relations du Liban avec la communauté internationale ».
Arrivée à bord d’un hélicoptère militaire, la délégation menée par M. Hariri a entamé sa tournée au quartier général de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) à Naqoura. Après l’accueil réservé aux trois responsables par le commandant de la Finul, le général Michael Beary, une réunion a eu lieu, axée sur la situation et les missions de la Finul, en coopération avec l’armée libanaise et les forces de l’ordre, en vue d’instaurer et de maintenir la sécurité et la stabilité au Liban-Sud.
Au cours de sa tournée, le Premier ministre a affirmé qu’il s’est rendu au Liban-Sud « pour dire à l’armée libanaise qu’elle est la seule force légitime chargée de défendre les frontières ». « Notre gouvernement déploie ses efforts pour mieux équiper et former l’armée et tous les services de sécurité », a-t-il ajouté.
Il a parallèlement dénoncé « la tournée effectuée par le Hezbollah à la frontière », réitérant son engagement envers la résolution 1701. Cette résolution stipule notamment la cessation totale des hostilités, le retrait de toutes les forces israéliennes du Liban et le déploiement en parallèle de l’armée libanaise et de la Finul à la zone frontalière. Elle étend également l’autorité du gouvernement libanais à tout son territoire et interdit à toute force paramilitaire, incluant le Hezbollah, de se trouver au sud de la rivière Litani.
« Il existe bel et bien des différends politiques entre nous que nous mettons de côté, et celui-ci en est un », a précisé Saad Hariri, avant de poursuivre : « C’est pour cela que je suis là aujourd’hui, pour rappeler que la déclaration ministérielle approuvée au Parlement est mise en œuvre ici dans le Sud comme il a été convenu. »

Un état de cessez-le-feu permanent avec Israël
M. Hariri a ensuite exhorté les Libanais « à ne pas exagérer les faits », assurant que l’union du peuple permet de faire face à tout acte terroriste ou à toute attaque israélienne. Le Premier ministre a ainsi écarté la possibilité de l’éclatement d’une guerre « tant que la déclaration ministérielle est mise en œuvre ». « Aucun pouvoir n’est au-dessus de l’État, a-t-il déclaré. L’armée est en train de remplir parfaitement son devoir de défendre la patrie. » Il a ensuite réitéré l’engagement envers les résolutions internationales, signalant qu’Israël viole la 1701 et que le gouvernement dépose à chaque fois une plainte à ce propos auprès de l’ONU. « Il est temps qu’Israël comprenne la nécessité de respecter le cessez-le-feu. Nous devons rassurer notre population, reprendre Chebaa et Ghajar et délimiter nos frontières », a-t-il ajouté. « Je prie le secrétaire général des Nations unies de soutenir les efforts visant à obtenir, aussi vite que possible, un état de cessez-le-feu permanent. Cette situation n’a que trop duré et mon gouvernement est déterminé à faire avancer ce projet », a-t-il encore martelé.
La visite de M. Hariri au Liban-Sud, ainsi que sa réaffirmation de l’engagement de son gouvernement envers la 1701, a été fortement salué par la coordinatrice de l’ONU pour le Liban, Sigrid Kaag. « Cette tournée reflète la coordination continue entre le gouvernement et les Nations unies en vue de renforcer la sécurité et la stabilité du pays », a-t-elle affirmé.
Saad Hariri a ensuite inspecté la position de l’armée libanaise à Labouné, dans les alentours de Alma el-Chaab, en passant par la ligne bleue. Plus tard dans la journée, le Premier ministre s’est rendu au Rest House de Tyr pour un déjeuner organisé par le ministre des Finances Ali Hassan Khalil en présence de M. Sarraf, du général Aoun, du ministre de la Jeunesse et des Sports Mohammad Fneich, des députés Ali Khreiss et Abdel Magid Saleh, et de nombre de personnalités.

Précision de la Finul

Le bureau de presse de la Finul a publié hier un communiqué dans lequel il commente la tournée médiatique effectuée jeudi par le Hezbollah aux frontières libano-israéliennes. « Peu avant l’arrivée de la délégation, l’armée libanaise a fait part à la Finul de la tournée organisée par le Hezbollah le long de la ligne bleue, sans lui fournir davantage de détails », peut-on lire dans le communiqué.
« Quant à la présence de personnes armées parmi la délégation, comme l’ont rapporté des sources médiatiques, la Finul précise que ce serait une violation de la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU. Conformément à la résolution, il relève de la responsabilité de l’État libanais de garantir l’absence de tout port d’armes non autorisé au préalable dans la région entre la ligne bleue et la rivière Litani », a ajouté le communiqué.
Suite à ces reportages, la Finul s’enquiert auprès de l’armée libanaise des détails de la tournée, toujours selon son bureau de presse.